Chine : cinq ans après la mort du défenseur de la liberté de la presse Liu Xiaobo, RSF appelle les démocraties à intensifier la pression sur le régime

À l'occasion du cinquième anniversaire de la mort, suite à un cancer non traité en détention, de Liu Xiaobo, prix Nobel de la paix et défenseur de la liberté de la presse, Reporters sans frontières (RSF) appelle la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime afin qu'il mette fin à la censure et à la surveillance des médias.

“Liberté. La liberté est au cœur des valeurs humaines universelles. La liberté d'expression, la liberté de la presse, la liberté de réunion, la liberté d'association, la liberté de mouvement, ainsi que le droit de grève et de manifestation sont quelques-unes des manifestations tangibles de la liberté. Sans liberté florissante, impossible de parler de civilisation moderne.” (Charte 08, signée par 303 universitaires et intellectuels le 10 décembre 2008).

Lauréat du prix RSF 2004 et du prix Nobel de la paix 2011, Liu Xiaobo, mort en détention d’un cancer non traité, le 13 juillet 2017, a incarné le combat du peuple chinois pour la liberté de la presse. Cinq ans après sa disparition, Reporters sans frontières (RSF) appelle la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime chinois pour qu'il mette fin à la censure et la surveillance des médias et rétablisse le plein exercice de la liberté de la presse, un droit inscrit dans l'article 35 de la Constitution de la République populaire de Chine.

Liu Xiaobo, commentateur politique et écrivain, auteur de près de 800 essais, était un défenseur de longue date des réformes politiques et des droits humains. Lors du massacre de Tiananmen en 1989, Liu avait joué un rôle actif en tant que manifestant pro-démocratie et avait fait une grève de la faim en soutien aux étudiants. Au cours des années suivantes, en représailles à ses écrits et à son militantisme, il avait été emprisonné à de nombreuses reprises, envoyé dans des centres de rééducation et assigné à résidence.

Onze ans de prison pour avoir réclamé la liberté de la presse

En 2009, Liu Xiaobo avait été condamné à 11 ans de prison pour “incitation à la subversion du pouvoir de l'État” pour avoir contribué à la Charte 08, un programme en 19 points initialement signé par 303 universitaires et intellectuels qui réclamaient davantage de libertés politiques, notamment l'application de la liberté de la presse. Il est mort le 13 juillet 2017, après le refus des autorités chinoises de le laisser se faire soigner à l’étranger et six semaines après le diagnostic de son cancer en phase terminale. Le régime a aussi persécuté la veuve de Liu Xiaobo, la poétesse et photographe Liu Xia, maintenue en résidence surveillée de 2010 à 2018 avant d’être finalement autorisée à s'exiler en Allemagne. 

En Chine, les journalistes détenus sont presque systématiquement soumis à des mauvais traitements et privés de soins médicaux : en 2017, le blogueur dissident Yang Tongyan est mort d'un cancer non traité alors qu'il était en détention. Kunchok Jinpa, l’une des principales sources d’information sur le Tibet pour les médias, est quant à lui décédé en 2021, des suites de mauvais traitements en prison.

En 2021, RSF a publié un rapport d’enquête inédit, Le grand bond en arrière du journalisme en Chine, qui révèle la campagne de répression sans précédent menée ces dernières années par le régime chinois contre le journalisme et le droit à l'information dans le monde entier.

La Chine, qui figure au 175e rang sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse 2022 de RSF, détient actuellement au moins 123 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse.

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