Algérie : affaire El Kadi, 6 mois ferme pour un article de presse

Le journaliste Ihsane El Kadi a été condamné, ce mardi 7 juin 2022, à six mois de prison ferme, sans mandat de dépôt, et à une amende de 50 000 dinars par le tribunal de Sidi M’hamed à Alger. RSF dénonce un acharnement judiciaire et appelle les autorités algériennes à respecter la liberté de la presse.

Le directeur de la webradio privée Radio M et du site d’information Maghreb Émergent était poursuivi par l’ancien ministre de la Communication Amar Belhimer, pour “diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l’unité nationale”, “perturbations des élections” et “réouverture du dossier de la tragédie nationale”. Celui-ci avait déposé sa  plainte suite à la publication par Ihsane El-Kadi d’un éditorial en faveur d’une plus grande inclusivité au sein du Hirak sur le blog du site de Radio M

Au cours du procès qui s’est tenu le 17 mai dernier, Ihsane El-Kadi a refusé, comme il l’avait d’ailleurs fait lors des ses multiples interrogatoires devant les services de la sécurité intérieure, de répondre sur le contenu de son article estimant que le juge n’avait aucun droit de regard sur le travail des journalistes. Une position qui lui a valu des remontrances de la cour du tribunal de Sidi M’hamed à Alger.

Reporters sans frontières dénonce avec vigueur le verdict prononcé contre le journaliste Ihsane El Kadi et le non-respect de la loi algérienne disposant que le délit de presse n’est pas passible d’une peine de prison.

Pour Khaled Drareni, représentant de RSF en Afrique du Nord, ce verdict témoigne bien de l’acharnement judiciaire subi par Ihsane El Kadi depuis des années, et va à l’encontre du discours des autorités algériennes sur le respect de la liberté de la presse et de la liberté d’opinion dans le pays.

Réputés pour leur indépendance, Ihsane El Kadi et les médias qu’il dirige, regroupés au sein de l’agence Interface Médias, sont depuis longtemps dans le collimateur des autorités algériennes. Ainsi Interface Médias avait reçu, le 14 novembre dernier, une visite inopinée pour inspection d’une commission de la wilaya (province) d’Alger composée de 12 membres. 

Quelques mois plus tôt, en juin 2021, c’était Kenza Khattou, journaliste à Radio M qui était condamnée à trois ans de prison avec sursis pour “outrage à corps constitué”, avant d’être relaxée en appel le 30 décembre de la même année. Quant à l’annonceur officiel et sponsor de Radio M durant de nombreuses années, l’homme d’affaires Nabil Mellah, il  subit une détention préventive depuis plus d’un an (mai 2021), officiellement pour infraction à la réglementation relative au contrôle des changes et au blanchiment d’argent.

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