Détenue depuis près de deux ans, la journaliste, lauréate du prix RSF 2019 pour la liberté de la presse, a refusé de plaider coupable des crimes de “propagande contre l’État” qui lui étaient reprochés. Reporters sans frontières (RSF) appelle les partenaires commerciaux du Vietnam, comme l’UE et les États-Unis, à exiger la libération de Pham Doan Trang dans le cadre de leurs accords avec Hanoï.

“La condamnation en appel de Pham Doan Trang n’est malheureusement pas une surprise, tant la justice vietnamienne est à la botte des apparatchiks du parti au pouvoir, déplore le directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. Son combat pour une presse libre à destination de tous dépasse les frontières du pays, c’est le combat pour un droit universel. C’est pourquoi nous appelons les partenaires économiques de Hanoï, l'UE et les États-Unis en tête, à imposer des sanctions ciblées aux dignitaires vietnamiens responsables du sort inacceptable qui frappe la journaliste.”

Sa propre mère a été refoulée à l’entrée du tribunal. La cour d’appel du tribunal populaire de Hanoï a confirmé, ce jeudi 25 août, la condamnation en première instance de la journaliste Pham Doan Trang à neuf ans de réclusion. Emprisonnée depuis octobre 2020, elle avait été reconnue coupable de “propagande contre l’État”. En fait de “propagande”, le parquet lui reprochait ses écrits et ses interventions dans les médias jugés “mensongers”.

“L'histoire effacera sa sentence !”

Pham Doan Trang a refusé de plaider coupable, seul moyen éventuel d’atténuer la condamnation. Durant sa plaidoirie, l’un de ses avocats, Me Trinh Vinh Phuc, a interpellé les juges en ces termes  :

“Si les arguments de la défense et le tollé suscité auprès de nombreuses organisations internationales de défense des droits humains n'ont pas changé votre point de vue, alors condamnez-la. L'histoire effacera sa sentence !”

Contacté par RSF, le journaliste Trinh Huu Long, porte-parole de son comité de soutien, ne se faisait guère d’illusion quant à l’issue de cette audience en appel.

“Elle, comme moi, savions que le jour de son arrestation arriverait, explique-t-il. C’est le prix à payer, au Vietnam, quand on est un journaliste qui dit la vérité. Ce qui me révolte, c’est qu’elle n’est pas autorisée à voir sa mère de 81 ans. Et qu’elle souffre de plusieurs maladies derrière les barreaux.”

Mort en détention

Pham Doan Trang est totalement coupée de ses proches depuis maintenant deux ans. Elle souffre notamment des séquelles de la Covid-19 qu’elle a contractée en prison, mais aussi de sinusites chroniques, d’arthrite et de problèmes gynécologiques.

Les conditions de détention dans les prisons vietnamiennes sont déplorables, au point que le blogueur Do Cuong Dong est mort en détention le 2 août dernier, des suites de mauvais traitements subis derrière les barreaux. 

Fondatrice des magazines en ligne Luât Khoa et The Vietnamese, Pham Doan Trang a été récompensée du prix RSF de l’impact en 2019 pour son combat en faveur de la diffusion d’une information libre et indépendante pour le plus grand nombre.

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