Gravement malade depuis plusieurs mois, le journaliste Do Cong Duong est décédé dans des conditions de détention déplorables. Reporters sans frontières (RSF) exprime sa consternation face à sa disparition et appelle la communauté internationale à agir pour la survie des journalistes détenus dans les geôles vietnamiennes.

Citoyen devenu journaliste, âgé de 58 ans, Do Cong Duong est décédé mardi 2 août, alors qu’il était emprisonné depuis janvier 2018. La raison officielle de sa mort n’a pas été révélée, mais il souffrait de multiples maladies et d’une grave privation de soins. Do Cong Duong purgeait une peine de huit ans de réclusion criminelle dans la prison n°6 du district de Thanh Chuong, située dans la province de Nghe An, dans le nord du pays. Malgré sa mort, les autorités ont refusé de rendre le corps à sa famille.

Nous sommes profondément choqués d’apprendre la disparition Do Cong Duong, des suites de sa détention, dans des conditions proprement inhumaines, dénonce Daniel Bastard, directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons la rapporteuse spéciale sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, Alice Jill Edwards, à agir pour la survie des 39 autres journalistes actuellement emprisonnés au Vietnam.”

Traitements dégradants

À l’image des nombreux journalistes indépendants au Vietnam, Do Cong Duong utilisait les réseaux sociaux pour diffuser des informations indépendantes. Il souffrait depuis plusieurs mois de troubles du cœur, d’une pneumonie et de difficultés respiratoires. Son état de santé s’est largement dégradé au fil de sa détention. Malgré les indignations répétées de sa famille, les autorités pénitentiaires n’ont jamais daigné lui accorder les soins nécessaires. Il lui aura fallu attendre d’être aux portes de la mort pour être admis à l'hôpital. 

Au Vietnam, les conditions de détention pénitentiaire sont épouvantables : torture, isolement, refus de soins médicaux… Les prisons et centres de détention sont des lieux de traitements dégradants, en particulier pour les prisonniers politiques. La famille de Do Cong Duong, en plein deuil, s’est vu refuser la restitution de sa dépouille et son enterrement a eu lieu dans la prison, contre leur volonté. 

Un travail journalistique précis sur les expropriations forcées

Originaire de Bac Ninh, ville située dans le nord du Vietnam, Do Cong Duong était un citoyen très actif dans le domaine journalistique. Il animait régulièrement des vidéos en direct sur la page Facebook “Tieng Dan TV", où il traitait notamment des problèmes de corruption et d’expropriations forcées de la part de l’État, qui ciblent régulièrement les populations précaires du Vietnam. 

C’est justement pour avoir filmé un cas d’expulsion dans la ville de ​​Tu Son, dans le nord du pays, qu’il a été arrêté en janvier 2018. Détenu plusieurs mois, il a finalement été jugé au cours de deux procès distincts en septembre et en octobre de la même année. Il est finalement condamné à neuf ans de prison, pour “troubles à l’ordre public” et “abus de liberté démocratique”. Après un appel, sa peine cumulée avait été réduite à huit ans de réclusion criminelle en janvier 2019. 

RSF alerte sur la situation des 40 journalistes et blogueurs vietnamiens actuellement emprisonnés. Nombre d’entre eux, à l’image de Le Huu Minh Tuan, condamné à onze ans de prison en juin 2020, se trouvent dans un état de santé gravement dégradé et risquent de connaître le même sort que Do Cong Duong.

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