Reporters sans frontières (RSF) a saisi le Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies pour le journaliste Stanis Bujakera Tshiamala, privé de liberté depuis le 8 septembre. RSF lui demande de reconnaître le caractère arbitraire de sa détention et d’appeler les autorités de République démocratique du Congo (RDC) à le libérer immédiatement.

Cela fait plus de dix jours que Stanis Bujakera Tshiamala est détenu à cause d’un article qui ne porte même pas son nom. À trois mois de l’élection présidentielle, ce journaliste de renom fait l’objet d’une détention arbitraire mettant en péril la liberté de la presse. La saisine des Nations unies par RSF doit être l’occasion pour les autorités de RDC d’entendre raison : dans un pays démocratique, un journaliste ne doit jamais être placé en détention pour son activité journalistique. Stanis Bujakera Tshiamala doit être libéré immédiatement et les charges doivent être abandonnées.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Stanis Bujakera Tshiamala, correspondant du média d’actualités Jeune Afrique et de l’agence de presse britannique Reuters, également directeur de publication adjoint du site d’information congolais Actualité.cd, a été arrêté le 8 septembre à l’aéroport de Kinshasa-Ndjili, puis placé sous mandat d’arrêt provisoire trois jours plus tard. Depuis le 14 septembre, il est détenu à la prison centrale de Makala, à Kinshasa.

Le journaliste est accusé de “faux en écriture”, “falsification des sceaux de l'État”, “propagation de faux bruits” et “transmission de messages erronés et contraires à la loi”, sur la base du Code pénal et du Code du numérique, suite à la publication d’un article sur le site Internet de Jeune Afrique, le 31 août, signé par la rédaction. Cet article mentionnait un rapport attribué à l’Agence nationale de renseignements (ANR) dont les autorités congolaises contestent l’authenticité et dévoilant la responsabilité de soldats de l’état-major des renseignements militaires dans la mort de Chérubin Okende Senga, ancien ministre des Transports et porte-parole du parti de l’opposant Moïse Katumbi.

Si ces accusations sont retenues par le parquet, Stanis Bujakera Tshiamala risque jusqu’à un an de prison et de lourdes amendes. Cependant, s’il est impliqué “dans la chaîne d’élaboration d’un document ‘contrefait’”, il pourrait également risquer un maximum de 15 ans de prison.

La saisine urgente du Groupe de travail des Nations unies par RSF le 19 septembre démontre la non-conformité de cette détention à la loi congolaise et aux obligations internationales souscrites par la RDC, et le fait que cette détention est manifestement imposée en représailles de l’exercice légitime du journalisme par Stanis Bujakera Tshiamala – deux motifs rendant une détention arbitraire en droit international. 

À trois mois de l’élection présidentielle à laquelle le président actuel, Félix Tshisekedi, sera candidat, cette détention d’un journaliste renommé envoie un signal alarmant.

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