Ressortissant japonais de 26 ans, Toru Kubota est détenu depuis le 30 juillet après sa couverture d’une manifestation anti-gouvernement. RSF appelle à sa libération immédiate, ainsi qu’à celle de l’ensemble des professionnels des médias actuellement emprisonnés dans le pays.

Il est le cinquième journaliste étranger détenu en Birmanie depuis le coup d’État du 1er février 2021. De nationalité japonaise, le réalisateur de documentaires Toru Kubota a été arrêté samedi 30 juillet à Rangoun, principale ville du pays. Il venait de couvrir une manifestation éclair lorsque des policiers en civil l’ont intercepté, aux côtés d’au moins deux citoyens birmans. Inculpé sur la base des articles 505-A du Code pénal, pour diffusion de “fausses informations” et 13-1 de la loi sur l’immigration, pour entrée illégale dans le pays, il encourt sept ans de prison.

Arrêter un journaliste pour le simple fait d’avoir couvert une manifestation est intolérable et témoigne une nouvelle fois du mépris total des autorités birmanes pour la profession de journaliste, déclare Daniel Bastard, directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous demandons au ministre des Affaires étrangères japonais Yoshimasa Hayashi de tout faire pour la libération de Toru Kubota et d’intercéder pour ses 68 confrères birmans toujours détenus.”

Harcèlement des autorités

Après son arrestation, une photo du documentariste circulait sur les réseaux sociaux birmans. On le voit aux côtés de trois personnes brandissant une banderole, ce qui impliquerait une participation active de sa part au rassemblement anti-gouvernement. Contacté par RSF, le journaliste japonais Yuki Kitazumi, lui-même emprisonné un mois en Birmanie en 2021, croit plutôt à une manipulation des autorités : “Cette photo me semble avoir été prise sous la contrainte, après son arrestation. Par peur des représailles, ce genre de manifestation éclair ne dure jamais plus d’une minute, personne n’a le temps de poser pour une photo. De plus, la scène ne correspond pas à l’endroit du rassemblement”.

Arrivé en Birmanie au milieu du mois de juillet pour son projet documentaire, le journaliste aurait rapidement été surveillé par les autorités. Selon des informations relayées par ses proches, des militaires auraient fait irruption dans son d'hôtel le 21 juillet pour inspecter sa chambre et son passeport.

Thèmes sensibles

Toru Kubota travaille régulièrement avec divers médias japonais et internationaux comme Yahoo! News Japan, VICE Japan ou encore Al Jazeera English. Comme en témoignent ses reportages sur la pauvreté à Tokyo en temps de Covid, sa caméra suit les populations marginalisées. En Birmanie, au fil d’une dizaine de voyages, il s’est particulièrement intéressé au sujet sensible des groupes ethniques. Dès 2014, son premier documentaire portait sur les Rohingyas, minorité majoritairement musulmane de l’ouest du pays, victime d’un massacre orchestré par les militaires en 2017.

Parmi les 69 journalistes détenus en Birmanie, il est actuellement le seul étranger. Avant lui, son compatriote Yuki Kitazumi, les Américains Nathan Maung et Danny Fenster, et le Polonais Robert Bociaga sont passés par les geôles birmanes, avant d’être relâchés puis expulsés.

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