RSF condamne la tentative des talibans de couvrir la bouche des journalistes afghanes

Le 22 mai, les visages des journalistes ont disparu de la télévision afghane, suite à l’imposition du voile intégral aux présentatrices par les talibans. Ceux des femmes, mais aussi ceux d’hommes qui ont, par solidarité, rejoint le mouvement #FreeHerFace, en portant un masque. Reporters sans frontières (RSF) exprime son soutien et sa solidarité envers les journalistes afghanes et dénonce une atteinte aux droits des femmes journalistes et à la liberté de la presse de la part des talibans, qui tentent de les museler.

En Afghanistan, si les talibans ont ordonné, début mai, à toutes les femmes de se couvrir complètement dans l’espace public idéalement avec une burqa (vêtement recouvrant entièrement le corps et le visage avec une grille au niveau des yeux) , le ministère de la Promotion de la vertu et de la Répression du vice a, tout d’abord, dans un décret publié le 22 novembre 2021 précisant plusieurs règles sur le fonctionnement des médias, imposé le port du hijab (terme générique faisant généralement référence au voile ou au foulard) aux présentatrices de télévision. Finalement, malgré des débats, le 21 mai, ce ministère, appuyé par celui de l’Information et de la Culture, est allé plus loin en précisant que ce voile obligatoire devait couvrir l’ensemble du visage. 

“L’obligation imposée aux femmes journalistes de couvrir leur visage à l’antenne est une nouvelle tentative des talibans de restreindre la liberté de la presse, déclare le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. RSF exprime son soutien et sa solidarité envers les courageuses journalistes travaillant encore dans le pays, et enjoint les talibans à annuler cette mesure archaïque et à permettre à tous les journalistes de faire leur travail sans entraves.”

Cette nouvelle restriction des talibans imposant le port du voile intégral, couvrant la bouche des présentatrices afghanes, a provoqué un tollé tant au niveau national qu’international. Nombre de journalistes et de personnalités politiques l’ont condamnée. Les chaînes de télévision ont pourtant dû se plier à l’injonction talibane, à l’instar de TOLOnews, dont le directeur Khpolwak Sapai s’est dit “contraint et forcé” de le faire. Mais, dès le 22 mai, pour la première fois sur les plateaux des différentes chaînes, notamment TOLOnews ou TV1, les hommes portaient un masque sur leur bouche pour montrer leur solidarité avec leurs consœurs. Un soutien qui a pris de l’ampleur avec le mouvement #FreeHerFace, au retentissement international. 

RSF rappelle que la situation des femmes journalistes en Afghanistan connaît une dégradation constante depuis le 15 août 2021, date de l'arrivée au pouvoir des talibans. Selon la dernière étude de RSF, “sur les 1 190 journalistes et collaboratrices des médias recensées début août dans la capitale, seules 320 continuent à travailler, ce qui représente une baisse de 73 %.”

Le 28 mars, dans une lettre ouverte à Richard Bennett, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Afghanistan, restée sans réponse à ce jour, RSF lui demandait d’agir d’urgence pour défendre la liberté de la presse et les journalistes dans le pays.

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