La Constitution et la législation du Monténégro garantissent la liberté de parole et d’expression, mais la liberté de la presse continue d’être menacée par l’ingérence politique, les attaques impunies contre des journalistes et les pressions économiques.
Paysage médiatique
En dépit du faible nombre d’habitants (620 000), le Monténégro dispose de plus de 150 médias officiels, dont trois quotidiens, quatre diffuseurs TV dotés de fréquences nationales – dont la chaîne publique RTCG – et une agence de presse. Trois des quatre réseaux télévisés à couverture nationale sont partiellement ou totalement sous contrôle étranger, principalement des entreprises de la Serbie voisine.
Contexte politique
Après la défaite en 2020 du DPS (ex-Parti communiste au pouvoir depuis 30 ans et hostile à la liberté de la presse), les pressions et attaques du gouvernement envers les journalistes ont quelque peu diminué. Celui-ci a promis d'harmoniser en 2024 la législation nationale avec le droit européen. En revanche, il est à craindre que les propriétaires étrangers de certaines chaînes pèsent sur les politiques éditoriales pour servir les intérêts d’autres gouvernements – serbe par exemple – ou ceux de leurs poulains politiques locaux.
Cadre légal
Au Monténégro, la liberté d’expression est garantie et la diffamation dépénalisée. En dépit des évolutions apportées ces dernières années au cadre juridique, il reste des lacunes en termes d’accès libre à l’information d’ordre public et de la confidentialité des sources. Résultat : une protection insuffisante de l’indépendance des médias face aux pressions économiques et politiques – ces dernières impactant la RTCG elle-même, en dépit de l’adoption de nouvelles dispositions juridiques en 2020.
Contexte économique
En tant que principal annonceur, l’État, ces dernières décennies, a distribué la plus grande partie de ses fonds aux médias “loyaux”. Alors que la RTCG et les radiodiffuseurs publics locaux sont principalement financés par l’État, les médias privés sont largement soumis à l’influence des annonceurs et à la volatilité du marché. À la suite des conséquences économiques désastreuses de la pandémie de Covid-19 sur les médias, le gouvernement leur a apporté un soutien financier, qui se révèle néanmoins insuffisant pour assurer leur pérennité.
Contexte socioculturel
La société monténégrine souffre de profondes divisions ethniques, religieuses et politiques, auxquelles s’ajoute une culture politique autoritaire héritée du passé. Dans un tel environnement, les médias sont souvent accusés de travailler pour des intérêts étrangers et de trahir la nation ou l'Église. Des politiciens, à la fois du parti au pouvoir et de l’opposition, mènent fréquemment des campagnes contre les journalistes professionnels.
Sécurité
La quasi-totalité des attaques contre des journalistes de ces dernières années ont été résolues, mais parmi celles qui se sont déroulées dans le passé, beaucoup restent impunies, et ce, malgré les promesses du gouvernement arrivé au pouvoir en 2020. C’est le cas notamment de l’assassinat du rédacteur en chef Dusko Jovanovic, en 2004, et de la tentative d’assassinat de la journaliste d’investigation Olivera Lakic, en 2018. Après sept ans de procédure, pour des accusations fallacieuses d’appartenance à un groupe criminel, le journaliste Jovo Martinovic a finalement été acquitté en 2023.