Les menaces, les agressions et les attaques contre les journalistes et les médias sont fréquentes au Paraguay, et vont jusqu’au meurtre. Souvent impunies, la plupart de ces affaires sont liées aux actions de groupes criminels organisés, notamment dans les zones frontalières avec le Brésil, où s’opère le trafic de drogue.
Paysage médiatique
Au cours des dernières décennies, les médias numériques ont connu une forte croissance, facilitée par l’augmentation du taux de pénétration d’Internet et du nombre d’utilisateurs. Quatre grandes entreprises contrôlent le presse traditionnelle et possèdent à elles seules la plupart des journaux, stations de radio et chaîne de télévision : Grupo Cartes, Grupo Vierci, Grupo Zucolillo et Grupo Albavisión. Les médias communautaires peinent à survivre. Les principaux médias du pays sont : ABC Color, Diario La Nacion, Diario Ultima Hora, Canal Telefuturo, Canal 9 SNT, Radio Cardinal ABC et Radio Monumental.
Contexte politique
Santiago Peña, du parti Colorado (Association nationale républicaine – ANR), est devenu président de la République en août 2023, avec le soutien politique de l'ancien président Horacio Cartes, dont la famille possède de nombreux médias et entreprises. L'opposition, principalement le Parti libéral radical authentique (Partido Liberal Radical Auténtico) et d'autres petits partis, a perdu de nombreux sièges au sein du pouvoir législatif et des gouvernorats départementaux. Avec le degré élevé de corruption politique, la fragmentation interne des partis et la forte polarisation politique, le contexte n’est pas favorable au libre exercice du journalisme.
Cadre légal
La Constitution paraguayenne de 1992 garantit la liberté d'expression sans censure préalable, la liberté de la presse et le libre exercice du journalisme. Elle garantit également le libre accès à l'information publique, le pluralisme de l'information et consacre l'intérêt public des médias, ainsi que le droit à la protection des sources d'information. Il n'existe pas de loi sur la presse ou les médias, mais un projet de loi pour la protection des journalistes et des défenseurs des droits de l'homme est étudié au Sénat. Dernièrement, une loi, qui vise pourtant à protéger les femmes des violences sexistes, a donné lieu à l'application de mesures de censure préventives contre des enquêtes journalistiques.
Contexte économique
Bien que le Paraguay figure parmi les pays les plus pauvres d'Amérique du Sud, il a connu une croissance élevée et régulière au cours de la dernière décennie et fait partie des économies les plus ouvertes des pays du Mercosur. Néanmoins, dans le domaine de la presse et du journalisme, les syndicats dénoncent depuis des années un taux croissant de précarité professionnelle qui affecte les journalistes.
Sécurité
La région frontalière avec le Brésil et l’Argentine, gangrenée par le narcotrafic et la corruption, est particulièrement dangereuse. Les journalistes qui y enquêtent payent parfois de leur vie leur travail d'investigation, comme ce fût le cas du journaliste brésilien Léo Veras, assassiné en 2020, de Humberto Andrés Coronel Godoy, tué en 2022, et d’Alexander Alvarez, tué en 2023. Tous les trois ont été assassinés dans la ville de Pedro Juan Caballero, plaque tournante du trafic régional de drogue à la frontière avec le Brésil. Les journalistes sont également victimes de menaces – de la part des narco-criminels mais aussi des autorités publiques – et de harcèlement judiciaire. Dans le cadre de manifestations, les journalistes sont régulièrement pris pour cible et victimes de violences. Les exactions commises contre les professionnels des médias restent, la plupart du temps, impunies.