La liberté de la presse est fragile et instable dans ce qui constitue l’un des pays les plus pauvres et corrompus de l’Union européenne. Les quelques médias indépendants qui se font entendre en Bulgarie font l’objet de pressions.
Paysage médiatique
Les chaînes de télévision (BNT, bTV, Nova, etc.) et les médias en ligne constituent les deux principales sources d’information dans un pays où la presse papier perd progressivement son influence. L’affiliation politique qu’affichent les membres du Conseil pour la presse électronique affaiblit l’indépendance éditoriale des médias publics, tandis que l’indépendance des médias privés est menacée par les intérêts de leurs propriétaires dans d’autres secteurs réglementés.
Contexte politique
L’intimidation des journalistes par les politiques ainsi que l’instrumentalisation de certains médias à des fins politiques sont monnaie courante en Bulgarie. Après 12 ans de recul de la liberté de la presse sous les gouvernements de Boïko Borissov et plus d’un an d'instabilité politique, la Bulgarie dispose depuis juin 2023 d'un gouvernement relativement stable engagé à garantir la liberté des médias.
Cadre légal
Le cadre législatif général du pays prévoit des normes minimales pour la protection des journalistes, conformément aux exigences de la Convention européenne des droits de l'homme et à la jurisprudence de la Cour de Strasbourg. Dans le même temps, la corruption, le manque d’indépendance et la faible efficacité du système judiciaire contribuent à rendre l'État souvent impuissant face aux violations de la liberté de la presse. Les médias indépendants et les journalistes d’investigation sont régulièrement victimes de procédures-bâillons (SLAPP).
Contexte économique
Les médias sont presque entièrement dépendants des revenus publicitaires, qui sont en grande partie contrôlés par l'État. La distribution par le gouvernement des fonds publics nationaux et européens manque de transparence, ce qui favorise une attribution partisane, privilégiant les médias à la ligne éditoriale favorable au gouvernement. Toutefois, le gouvernement en place depuis juin 2023 a fait part de son intention de s'attaquer à ce problème.
Contexte socioculturel
Les journalistes d’investigation qui couvrent des affaires liées au crime organisé et à la corruption sont fréquemment menacés. En outre, les médias spécialisés sur les questions des minorités ou financés par des fondations basées aux États-Unis et en Europe occidentale sont régulièrement confrontés à un environnement hostile et à des campagnes de haine.
Sécurité
Les menaces et agressions physiques persistantes contre les journalistes bulgares constituent un problème important. L’effet de ces violences qui pèsent surtout sur les reporters en dehors de la capitale est aggravé par l’impunité des crimes commis contre les journalistes. L’usage de la force par la police contre les journalistes est un problème systémique, comme l'ont rappelé les violences policières sans précédent fin 2023.