Amérique
Argentine
-
Classement 2023
40/ 180
Score : 73,36
Indicateur politique
30
75.25
Indicateur économique
71
49.80
Indicateur législatif
2
90.66
Indicateur social
53
76.82
Indicateur sécuritaire
86
74.27
Classement 2022
29/ 180
Score : 77,28
Indicateur politique
28
76.36
Indicateur économique
50
51.53
Indicateur législatif
2
90.68
Indicateur social
29
85.75
Indicateur sécuritaire
39
82.06

La forte concentration et l'opacité de la propriété des médias, la polarisation, le déficit de politiques publiques garantissant le pluralisme et la précarisation du métier de journaliste constituent les principales menaces pour la liberté d'expression en Argentine. Ce cadre constitue un terrain fertile pour les pouvoirs de fait, les pressions de la part du gouvernement et des entreprises par le biais de la publicité privée et publique, et l'utilisation partisane des médias publics nationaux, régionaux et municipaux.

Paysage médiatique

Le droit à l'information et la liberté d'expression sont garantis par des lois d'inspiration libérale, cependant le pluralisme de l’information souffre de manques en matière de politiques publiques et d’une forte concentration. Le groupe Clarín, principal acteur de l'industrie de la presse, exerce une grande influence sur tous les marchés des médias. Le quotidien La Nación, le site d’information Infobae et la chaîne de télévision privée Telefe sont très suivis. Dans certaines provinces éloignées de Buenos Aires, la liberté d'expression est conditionnée par la connivence des pouvoirs économiques et politiques, ce qui accroît d’autant  les restrictions à la liberté de la presse. 

Contexte politique

La liberté d'expression est un principe valorisé par les Argentins et remporte l’adhésion, par conviction ou par commodité, de la quasi-totalité de la classe politique. Au cours des dernières décennies, la logique de confrontation politique et la polarisation généralisée, guidées à la fois par les intérêts politiques et économiques, ont eu un impact direct sur le secteur des médias en appauvrissant la qualité de l'analyse et de l'information. La promotion de la haine et de la violence trouve un écho dans des médias de diverses tendances. Les questions sensibles liées aux aspects sociaux, économiques et politiques du pays sont écartées du débat public et l'agenda médiatique est extrêmement concentré sur les grandes métropoles, notamment Buenos Aires. 

Cadre légal

La liberté de la presse et la liberté d’expression sont garanties par la Constitution. Depuis 1983, date de rétablissement de la démocratie, la législation s’est affranchie des principes autoritaires des décennies précédentes : les délits d’outrage, de calomnie et d’insulte ont disparu du Code pénal ; la réparation pour fausses informations ou diffamation se limite à la sphère civile et à une indemnisation ; la confidentialité des sources et le secret professionnel sont garantis. En revanche, des tentatives plus subtiles de faire taire les journalistes, comme les pressions économiques, persistent. En outre, il n'y a eu que peu ou pas d’avancées législatives limitant la censure, la commercialisation des données, les violations de la vie privée et la diffusion de fausses nouvelles.

Contexte économique

La presse argentine n’échappe pas aux difficultés économiques qui ont marqué les dix dernières années et ont précarisé l’emploi et les ressources. Les médias les plus influents appartiennent à un petit groupe de conglomérats en lien avec l’industrie des télécoms, l’exploitation du pétrole et les travaux publics. Entre 2015 et 2019, la quasi-totalité des réglementations anti-concentration et contre les conflits d’intérêts ont été annulées. L’État, à travers la publicité, les exonérations fiscales et l’attribution de marchés, joue un rôle opaque, malgré son soutien officiel au pluralisme. Les organes de défense du public et de contrôle du marché des télécommunications sont très dépendants du pouvoir politique du moment.

Contexte socioculturel

L’Argentine est un pays très contrasté, partagé entre la mégalopole de Buenos Aires, qui abrite 30 % de la population, 20 villes de taille moyenne et d’immenses territoires à faible densité démographique. Alors que l’ensemble du territoire a accès à la culture, les conditions acceptables de diffusion et d’exercice du journalisme sont très variables.

Sécurité

Aucun emprisonnement ni aucun assassinat de journaliste n’ont été déplorés en Argentine depuis 2000, et les agressions physiques sont rares. Les attaques ou menaces contre des journalistes ou des médias soulèvent l’indignation à la fois de la population et de la classe politique. Les professionnels de l’information peuvent toutefois être la cible de violences policières lors de grandes manifestations, d’intimidations de la part d’organisations criminelles (drogue, trafic d’êtres humains, corruption des forces de sécurité). Dans la ville de Rosario, la troisième plus grande du pays, le narco-pouvoir a commencé à s’en prendre aux médias et aux journalistes.