Xi Jinping intronisé, la liberté de l’information toujours menacée
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La première session annuelle de la 12ème Assemblée nationale populaire s’est achevée à Pékin, le 17 mars 2013, après la nomination de Xi Jinping à la présidence de la République populaire de Chine, et de Li Keqiang au poste de Premier ministre. Durant le mois qui a précédé ce changement de dirigeants, de nombreuses atteintes à la liberté d’information ont pu être dénombrées. Reporters sans frontières appelle le nouveau pouvoir à renoncer à la surveillance, à la censure et la répression dont sont victimes les acteurs de l’information.
“A l’occasion du discours qu’il a tenu au dernier jour de la session de l’Assemblée nationale populaire, Xi Jinping a déclaré : ‘le rêve chinois est le rêve du peuple. Nous nous devons de le réaliser en nous tenant proches du peuple. Nous devons sans cesse fournir des bénéfices à la population’. Nous appelons le nouveau président chinois à respecter ses engagements, en permettant à ses concitoyens de jouir du libre accès à l’information et aux nouveaux médias”, a déclaré Reporters sans frontières.
“Les journalistes et les internautes ont prouvé lors de l’affaire des vœux du Nouvel An du Nanfang Zhoumo leur force d’action, tant dans leur capacité à dénoncer la censure qu’à contourner cette dernière. Pourtant, les derniers évènements ne laissent pas présager d’un changement de politique et de méthodes de la part des autorités chinoises. Ces dernières ont démontré que le contrôle de l’information diffusée à l’intérieur du pays, mais aussi en dehors de ses frontières, demeure clairement une priorité pour Pékin. L’accroissement des violations à l’encontre de la presse étrangère nous préoccupe fortement, tout comme la sévérité avec laquelle la police continue à réprimer les net-citoyens”, a ajouté l’organisation.
Le 15 mars 2013, Mark Stone, journaliste de la chaîne britannique d’information en continu Sky News, et son caméraman, ont été arrêtés par la police alors qu’ils effectuaient un reportage en direct depuis la place Tian An Men. Le journaliste bénéficiait d’une autorisation de tournage, mais les forces de police lui ont reproché de ne pas porter son accréditation de façon visible et de ne pas avoir son passeport sur lui. Pour Mark Stone, la police serait intervenue alors qu’il évoquait les manifestations de 1989, réprimées dans le sang. Le journaliste et le caméraman ont été conduits au commissariat, avant d’être relâchés.
Le 27 février 2013, l’équipe conduite par Christine Adelhardt, correspondante pour la chaîne allemande ARD, accompagnée de collaborateurs allemands et chinois, a été victime d’une agression de la part de deux hommes qui les ont poursuivis en voiture avant d’attaquer leur véhicule à coups de batte de base-ball, brisant notamment le pare-brise. Les journalistes réalisaient un reportage sur l’urbanisation du village de Da Yan Ge Zhuang. La propriété foncière est un sujet qui provoque de nombreux litiges entre la population et les officiels locaux, régulièrement accusés de corruption : selon un témoin présent sur la scène, l’un des véhicules poursuivants appartiendrait au secrétaire du parti communiste du village de Da Yan Ge Zhuang.
Le contrôle et harcèlement des net-citoyens n’a pas décru entre le 18ème Congrès du PCC, en décembre 2012 et les deux sessions de l’Assemblée nationale populaire et du Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC), qui se sont respectivement tenues du 5 au 17 et du 3 au 18 mars 2013. Le dissident et blogueur Hu Jia, emprisonné de 2008 à 2011, et assigné à résidence depuis le 26 février 2013, a été convoqué le 14 mars par le bureau de la Sécurité publique du district pékinois de Tongzhou sous la charge “d’incitation au désordre public”. Interrogé durant huit heures au commissariat de Zhongchang, insulté et frappé, Hu Jia a été blessé au visage et souffre de douleurs lombaires.
L’interrogatoire a notamment porté sur l’intrusion de Hu Jia, accompagné d’autres dissidents, au mois de décembre dernier, au domicile de Liu Xia, l’épouse du prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo, condamné en 2009 à 11 ans de prison, elle-même assignée à résidence.
Hu Jia a également été interrogé sur les commentaires qu’il a récemment postés sur Internet, critiques envers les nouveaux leaders politiques chinois. Il est l’un des 100 intellectuels de renom à avoir signé au mois de février dernier une lettre ouverte à l’Assemblée nationale populaire, réclamant la remise en liberté de Liu Xiaobo. La police a refusé qu’il se rende à l'hôpital, bien qu’il souffre de multiples blessures et doive suivre un traitement médicamenteux pour son hépatite. Des policiers lui ont indiqué qu’il demeurait assigné à résidence jusqu’au dernier jour de la première session annuelle de la 12ème Assemblée nationale populaire, le 17 mars 2013.
La Chine, qui fait partie des “Ennemis d’Internet”, se classe au 173ème rang sur 179 au classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par l’organisation.
Photo : Feng Li/Getty Images
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Updated on
20.01.2016