Sri Lanka : RSF demande au nouveau gouvernement de veiller à ce que toute la lumière soit faite sur la disparition du caricaturiste Prageeth Eknaligoda
Dans un contexte de renouveau politique, le procès sur l’affaire de la disparition de Prageeth Eknaligoda se poursuit avec une nouvelle audience le 6 décembre. Alors que neuf agents des services de renseignement de l’armée seraient impliqués dans cette affaire, Reporters sans frontières (RSF) demande au nouveau gouvernement de veiller au déroulement transparent et impartial du processus judiciaire.
Critique du pouvoir, le caricaturiste et chroniqueur politique du site d’information Lanka E-news Prageeth Eknaligoda, a été enlevé le 24 janvier 2010 à Homagama, près de la capitale Colombo, deux jours avant la réélection du président Mahinda Rajapaksa. Alors que ce dossier est enlisé depuis 2019, une nouvelle audience du procès, contre neuf membres des services de renseignement militaire accusés de sa disparition, se déroule le 6 décembre, dans un contexte de tournant politique au Sri Lanka. La nouvelle coalition du président Anura Kumara Dissanayaka élu en septembre, le National People's Power (NPP), a promis de faire aboutir rapidement "les enquêtes sur les assassinats politiques et les enlèvements de journalistes”.
“Cela fait 14 ans que la famille de Prageeth Eknaligoda attend désespérément des réponses sur sa disparition. RSF demande aux autorités de veiller à ce que le procès en cours sur cette affaire emblématique soit transparent et impartial. Les responsables de ce crime doivent être poursuivis, quels que soient leurs affiliations politiques ou leurs liens avec l’armée. RSF demande également que des mécanismes de protection soient mis en place pour les témoins et les enquêteurs.
Durant la “décennie noire” de la présidence de Mahinda Rajapaksa, de 2005 à 2015, marquée par l’écrasement en 2009 de la guérilla des séparatistes tamouls, son frère Gotabaya Rajapaksa, secrétaire d’État au ministre de la Défense, a supervisé une répression des journalistes. Relancée en 2015, l’enquête sur la disparition de Prageeth Eknaligoda, avait révélé que le journaliste avait été emmené dans un camp militaire. Cependant, après l’arrivée au pouvoir de Gotabaya Rajapaksa (2019-2022), l’enquête a été entravée. Les neuf militaires inculpés ont été libérés sous caution et le procès n’a toujours pas abouti.
Le Sri Lanka occupe la 150e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.