Sri Lanka : RSF appelle le président nouvellement élu à s'engager pour la liberté de la presse
Pour que la liberté de la presse soit un chantier prioritaire du nouveau président, Reporters sans frontières (RSF) lance un appel à Anura Kumara Dissanayaka avec des recommandations de mesures concrètes en faveur du droit à l’information.
L’élection présidentielle du 21 septembre vient de porter au pouvoir Anura Kumara Dissanayaka dans un pays qui figure au 150e rang sur 180 pays du Classement mondial de la liberté de la presse. Les conditions de travail des journalistes quant à leur environnement légal, politique, social et économique ne garantissent pas aux citoyens un accès à une information libre et indépendante.
Les professionnels des médias font face à des atteintes continues à la liberté d’informer, dans un contexte d’impunité de ces violations. En 2024, la loi sur la sécurité en ligne (Online Safety Act) propice à la censure, est venue s’ajouter à l’arsenal répressif, que constitue la loi de prévention du terrorisme (Prevention of Terrorism Act, PTA), détournée pour faire taire les journalistes.
“La liberté de la presse n’a connu aucune amélioration lors du mandat précédent de Ranil Wickremesinghe, porté au pouvoir après le soulèvement de 2022. Cette situation inquiétante appelle à des mesures d’urgence pour garantir le libre exercice et la sécurité des journalistes. RSF appelle le nouveau président à s’engager pour le droit à une information fiable et la protection des professionnels des médias, afin de permettre au pays d’avancer sur la voie d’une presse libre.
Les cinq recommandations de RSF :
1) Éradiquer la culture de l'impunité des crimes contre les professionnels des médias, en premier lieu, en menant rapidement à leur terme toutes les affaires en cours, et celles qui ont été retardées de manière injustifiée.
- En particulier, faire toute la lumière sur la disparition de Prageeth Eknaligoda, caricaturiste, journaliste du site Lankaenews, depuis le 24 janvier 2010
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Et rouvrir l’enquête sur l’assassinat en 2009 de Lasantha Wickrematunge, rédacteur en chef du Sunday Leader.
2) Abroger la loi draconienne sur la prévention du terrorisme (PTA), détournée pour réduire au silence les voix critiques, et les journalistes identifiés comme appartenant à la minorité tamoule ou comme étant de confession musulmane. Il est essentiel de garantir la sécurité des journalistes de ces minorités et de mettre fin à l'intimidation dont ils font l’objet.
3) Abroger la loi sur la sécurité en ligne (Online Safety Act), propice à la censure, qui a été adoptée par le Parlement en janvier 2024.
4) Garantir le pluralisme et l’indépendance des médias. En ce sens, une attention particulière doit être portée à une réforme structurelle de la gestion des médias financés par l’État afin de garantir une indépendance éditoriale de leurs rédactions.
5) Garantir les droits des journalistes, y compris la protection des sources.