Reporters sans frontières exprime sa très vive préoccupation quant au sort de Ruslan Sharipov, ancien président de l'organisation de défense de la liberté de la presse UIJU et ancien correspondant de l'agence de presse russe Prima News, incarcéré pour homosexualité et abus sexuels sur mineurs. L'organisation exige sa libération immédiate.
Ruslan Sharipov a été condamné à une peine de cinq ans et demi de prison par le tribunal de Tachkent le 13 août 2003.
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Reporters sans frontières exprime sa très vive préoccupation quant au sort de Ruslan Sharipov, ancien président de l'organisation de défense de la liberté de la presse UIJU et ancien correspondant de l'agence de presse russe Prima News, incarcéré pour homosexualité et abus sexuels sur mineurs. Alors qu'il avait toujours nié les faits depuis son arrestation, il serait passé aux aveux le 8 août 2003 au cours de son procès, qui se tient depuis le 23 juillet à huis clos. Il aurait annoncé son intention de plaider coupable et demandé pardon au président Karimov. Ruslan Sharipov aurait également refusé la présence de sa mère, seule personne de la défense autorisée à assister au procès, et renoncé à celle de son avocat.
"Compte tenu de la répression qui frappe sans merci les journalistes indépendants et les défenseurs de la liberté de la presse en Ouzbékistan, tout porte à croire que l'arrestation de Ruslan Sharipov se fonde sur des prétextes fallacieux et sordides visant à débarrasser les autorités d'une voix dissidente qui les gêne", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé à Islam Karimov, président de la République. "Extrêmement préoccupés par l'état physique et psychologique de ce journaliste, nous vous tiendrons pour responsable des mauvais traitements qu'il pourrait subir en prison. Nous exigeons l'abandon de toutes les charges pesant contre lui et sa libération immédiate", a-t-il ajouté.
Ruslan Sharipov a été arrêté à Tachkent le 26 mai 2003, en même temps que Azamat Mamankulov et Oleg Sarapulov, également membres de l'UIJU. Ces derniers ont été libérés après quatre jours de détention. Aucune charge n'a été retenue contre eux mais Azamat Mamankulov, qui aurait été battu et menacé au cours de sa détention, est cité comme témoin contre son collègue Ruslan Sharipov.
La police a tout d'abord nié la détention des journalistes devant la représentante de l'organisation américaine de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) à Tachkent, Matilda Bogner, et un membre de l'ambassade des Etats-Unis, avant de la confirmer, dans la matinée du 27 mai, à un représentant de l'organisation Freedom House.
Ruslan Sharipov est accusé, en vertu des articles 120, 127-3 et 128-2 du code pénal, d'être homosexuel et d'avoir payé deux adolescents de quinze ans pour avoir des relations sexuelles avec lui. Il risque jusqu'à dix-huit ans de prison. Le journaliste, qui n'a jamais nié sa bisexualité, a affirmé à la présidente de la société des droits de l'homme d'Ouzbékistan "E'zguilik", Vasilya Inoyatova, qui a pu lui rendre visite le 27 mai, ne pas connaître les victimes présumées. Celles-ci ont été interpellées le 26 mai et gardées en détention pendant trois ou quatre jours. Selon la défense de Ruslan Sharipov, les adolescents auraient été battus et menacés par la police pour les convaincre de comparaître devant la cour. De fait, le procès a dû être ajourné à plusieurs reprises en raison de leur absence à la barre.
Le 28 mai, Ruslan Sharipov a déclaré au HRW que la police l'avait torturé et menacé pour l'inciter à mettre un terme à ses activités de défenseur des droits de l'homme. Le journaliste a réaffirmé, dans un courrier envoyé depuis sa prison, avoir subi de mauvais traitements.
Ruslan Sharipov avait été agressé et menacé à plusieurs reprises en 2001 et 2002 en raison de ses activités professionnelles.