Nouveau déni de justice pour les reporters cambodgiens Uon Chhin et Yeang Sothearin
Reporters sans frontières (RSF) demande à la cour d’appel de Phnom Penh de retrouver un semblant de crédibilité en abandonnant les charges absurdes qui mêlent “espionnage” et “pornographie” portées à l’encontre des journalistes cambodgiens Uon Chhin et Yeang Sothearin, dont l’appel a été rejeté lundi 30 décembre.
Leur appel a été rejeté lundi 30 décembre, le cauchemar judiciaire continue pour Uon Chhin et Yeang Sothearin. Les deux reporters cambodgiens, qui travaillaient pour la radio états-unienne Radio Free Asia (RFA) avant que son bureau de Phnom Penh soit forcé de fermer en août 2017, ont été arrêtés il y a plus de deux ans, en amont de l’interdiction du principal parti d’opposition. En octobre dernier, alors qu’ils avaient déjà passé neuf mois en prison, la justice avait refusé d’abandonner les charges qui pèsent contre eux.
Pire, la décision prise le 30 décembre par la cour d’appel de Phnom Penh ajoute la charge de “pornographie” aux accusations d’”espionnage” initialement retenues contre eux par le juge d’instruction.
Le 14 novembre 2017, dans la foulée de leur arrestation, le site internet pro-gouvernement Fresh News avait en effet fait fuiter une information selon laquelle la police aurait retrouvé du matériel pornographique “produit avec des ressortissants étrangers” dans l’ordinateur de l’un des deux journalistes. C’est sur la base de cette pseudo-information que le juge a décidé de poursuivre l’enquête. Leur avocat a 30 jours pour interjeter à nouveau appel.
“Avec cette accusation parfaitement fallacieuse, le comportement de la justice cambodgienne sombre dans l’abject, déplore Daniel Bastard, responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF. Tout, dans cette affaire, sent le coup monté par le pouvoir en place pour intimider l’ensemble des journalistes cambodgiens. Nous appelons la cour d’appel à retrouver un semblant de crédibilité en abandonnant une bonne fois pour toutes les charges ubuesques qui pèsent contre Yeang Sothearin et Uon Chhin.”
En raison des accusations absurdes qui ont été portées contre eux, les deux journalistes avaient été détenus 272 jours dans des conditions absolument sinistres dans la prison de Prey Sar, comme ils l’avaient raconté dans une vidéo produite par RSF après leur libération le 21 août 2018.
Lire la vidéo : "L’enfer sur terre"
Aujourd’hui placés en liberté surveillée, ils ne peuvent ni exercer leur métier ni quitter le territoire cambodgien. Ils ont également décrit dans une seconde vidéo cette “épée de Damoclès” qui plane toujours sur eux et leur famille.
Lire la vidéo : "L’épée de Damoclès"
Le Cambodge se situe à la 143e position sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019