Alors que le journaliste américian entame sa troisème semaine de captivité et que l'enquête policière a marqué des pas décisifs, c'est au tour de Michel Peyrard, grand reporter de Paris Match, de lancer un appel aux ravisseurs en faveur de la libération du journaliste menacé d'exécution.
Rappel des faits : trois suspects sont activement recherchés par la police pakistanaise.
Alors que l'ultimatum lancé par les ravisseurs du journaliste Daniel Pearl a été prolongé de vingt-quatre heures, Reporters sans frontières lance un appel à la mobilisation en faveur du correspondant du Wall Street Journal menacé d'exécution.
L'organisation de défense de la liberté de la presse relaie l'appel de Marianne Pearl, l'épouse française du journaliste enlevé, qui espère que les ravisseurs de son mari tiendront compte de son "honnêteté professionnelle et de sa volonté de dialogue".
Par ailleurs, RSF s'associe aux déclarations de Paul Steiger, rédacteur en chef du Wall Street Journal, à l'intention des ravisseurs : "J'espère que les messages que je vous ai fait parvenir vous ont convaincus que l'exécution de Danny Pearl ne serait bonne pour personne (…) Seule la libération de Danny pourrait vous donner l'occasion de présenter votre version de l'histoire et d'avoir le monde entier à l'écoute de vos paroles."
Reporters sans frontières diffuse également le texte écrit par le boxeur américain, de confession musulmane, Mohammed Ali, en faveur de la libération du reporter du Wall Street Journal.
"Au nom d'Allah, le plus miséricordieux, le plus compatissant,
Je prie pour que ce message atteigne ceux qui détiennent Daniel Pearl. En tant que musulman, je termine chacune de mes prières en implorant que la paix et la compassion règnent entre tous les peuples de la terre. Au cours de ce dernier conflit, trop de personnes ont souffert, trop de personnes sont tombées, victimes de l'injustice et de l'intolérance, beaucoup ont perdu l'espoir d'une coexistence pacifique entre nations sans mépris des cultures, des traditions et des droits d'autrui. Par la grâce d'Allah, je n'ai pas perdu cet espoir. Je crois qu'Allah le Tout-Puissant guidera chacun de nous sur le chemin de la vertu et de la miséricorde. Je n'ai pas perdu l'espoir qu'il a placé en nous, celui de nous croire capables de montrer de la compassion où il n'y en a pas et de faire preuve de miséricorde dans les circonstances les plus difficiles. Nous, en tant que musulmans, nous devons de montrer l'exemple. Le même exemple qui nous a été donné voici 1400 ans par le prophète Mahomet. (Puisse-t-il reposer en paix et dans la grâce d'Allah.)
Daniel est un journaliste professionnel. Son métier est de donner la parole à ceux qui souhaitent être entendus par la communauté internationale. Daniel ne doit pas devenir une autre victime du conflit actuel. Je fais appel à vous pour faire preuve de compassion et de bonté à l'égard de Daniel Pearl. Traitez-le comme vous souhaiteriez que tous les musulmans soient traités par les autres. Donnez l'espoir et la conviction qu'Allah saura nous guider en ces temps difficiles. C'est ma prière la plus sincère que Daniel retourne sain et sauf auprès des siens. Puisse Allah être miséricordieux envers nous tous."
Par ailleurs, un représentant de Reporters sans frontières a rencontré, le 31 janvier 2002, l'ambassadeur du Pakistan en France afin de réitérer sa très vive préoccupation quant à la situation de Daniel Pearl. L'ambassadeur a affirmé que les autorités pakistanaises "font tout pour libérer le journaliste américain". Lors de l'entretien, RSF a déploré que certaines rumeurs, colportées par des médias et des autorités pakistanaises, attribuent l'enlèvement du journaliste américain aux services secrets indiens. Le représentant de RSF a rappelé que l'urgence de la situation nécessite les efforts et la bonne volonté de toutes les parties.
Enfin, Robert Ménard, secrétaire général de RSF, lancera, le 31 janvier 2002 à Rome, un appel à la mobilisation en faveur de Daniel Pearl lors de la cérémonie de remise du prix du journalisme Premiolino décerné par une fondation italienne. Le jury a décidé de conférer cette distinction à Reporters sans frontières en qualité d'organisation la "plus représentative des huit reporters tués en Afghanistan".
Daniel Pearl, correspondant du Wall Street Journal basé à Bombay, a été enlevé le mercredi 23 janvier à Karachi. Agé de trente-huit ans, le journaliste de nationalité américaine se trouvait depuis trois semaines dans la capitale économique du Pakistan où il menait une enquête sur le pirate de l'air britannique Richard Reid. Ses ravisseurs ont lancé, le 30 janvier, un ultimatum de vingt-quatre heures avant l'exécution du journaliste. Ils réclament la libération des Pakistanais taliban détenus par l'armée américaine.