Le procès de Hu Jia : une "mascarade de justice", selon Reporters sans frontières
Organisation :
Reporters sans frontières est indignée par les conditions dans lesquelles s'est déroulée la première et unique audience du procès de Hu Jia, militant des droits de l'homme accusé d'"incitation à la subversion du pouvoir de l'Etat". La communauté internationale doit réagir et demander plus fermement encore la libération sans conditions de Hu Jia et la fin du harcèlement à l'encontre de sa famille.
"Le Premier ministre Wen Jiabao peut affirmer tant qu'il veut que la répression envers les dissidents n'existe pas dans le pays, le procès de Hu Jia illustre de la manière la plus grave l'absence d'Etat de droit en Chine. Les condamnations internationales n'auront malheureusement pas suffi à arrêter la machine judiciaire qui a reçu l'ordre de faire taire l'un des militants des droits de l'homme les plus courageux à Pékin", a affirmé Reporters sans frontières qui vient de lancer un appel au boycott de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le 8 août prochain.
Le 18 mars dans la matinée, le tribunal intermédiaire populaire de Pékin a jugé Hu Jia. Son épouse, Zeng Jinyan, n'a pas été autorisé à assister à l'audience. L'un des avocats, Li Fangping, s'est montré pessimiste à la sortie du tribunal, affirmant que son client risquait cinq ans de prison.
Après seulement quelques heures d'audience, le juge a mis le verdict en délibéré. "Le procès est fini. Comme la Chine essaie d'établir une société harmonieuse, elle devrait laisser s'exprimer des voix différentes. Nous espérons que le gouvernement va se montrer tolérant", a déclaré Li Fangping à l'Agence France-Presse.
Le jour du procès de Hu Jia, Teng Biao et cinq autres avocats pékinois, dont Han Yicun, Li Xiongbin, Jiang Tianyong, ont été empêchés de se rendre au tribunal. Teng Biao, joignable sur son portable mais "pas en mesure de parler", a passé la journée encadré par des policiers. Teng Biao a dénoncé une procédure qui ne respecte pas la loi car le procès aurait dû être public.
Li Xiongbin, avocat pourtant habilité à assister à l'audience, a été interpellé à son arrivée au tribunal, et emmené au poste de police de Babaoshan. Son collègue, Jiang Tianyong et quatre de ses amis avocats ont tenté de le faire libérer. Ils ont été détenus, menottés. L'épouse du militant, Zeng Jinyan, ainsi que son père M.Hu, désignés comme témoins par la défense, ont été interdits d'audience. Zeng Jinyan, accompagnée de l'enfant du couple, a pu bénéficier d'une entrevue de quelques minutes avec Hu Jia, à la sortie du procès.
Des diplomates européens et des journalistes étrangers ont confirmé à Reporters sans frontières qu'ils avaient été empêchés d'assister à l'audience. "Le tribunal m'a répondu que la salle était trop petite", a expliqué une journaliste. "Nos demandes se sont heurtées à une fin de non-recevoir, sous prétexte que la salle d'audience était trop petite", a affirmé un diplomate européen en poste à Pékin.
Les autorités accusent Hu Jia, âgé de 34 ans, d'avoir publié sur des sites chinois basés à l'étranger, plus particulièrement Boxun, des articles sur la situation des droits de l'homme avant les Jeux olympiques. Le militant, connu pour son combat en faveur des malades du Sida, a également témoigné auprès de nombreux médias étrangers et ambassades.
Hu Jia a également soutenu sur Internet d'autres militants emprisonnés, notamment Chen Guangcheng (http://news.boxun.com/news/gb/china/2006/11/200611172046.shtml) ou Guo Feixong (http://news.boxun.com/news/gb/china/2006/10/200610010227.shtml).
Le jour du procès, le chef du gouvernement, Wen Jiabao, interrogé sur le cas de Hu Jia, a déclaré que la Chine n'exerçait aucune répression envers les dissidents. "Concernant ce cas individuel, je peux vous assurer que la Chine est un pays de droit et que ce problème sera traité selon la loi", a déclaré Wen Jiabao. La présidence slovène de l'Union européenne s'est déclarée "profondément inquiète" par la détention de Hu Jia.
Le 27 décembre 2007, une vingtaine de policiers ont fait irruption au domicile de Hu Jia à Pékin où se trouvait sa femme Zeng Jinyan et leur fille âgée de 6 semaines. Les policiers ont coupé leur connexion Internet et leurs téléphones, puis ont arrêté Hu Jia.
Publié le
Updated on
20.01.2016