Reporters sans frontières craint pour la sécurité d'Andrés Timoteo Morales, correspondant du quotidien La Jornada à Veracruz (Est), victime de deux cambriolages suspects les 9 et 16 janvier 2008, et obligé de changer de domicile. Le journaliste a consacré une enquête à un crime attribué à l'armée.
Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude après les deux cambriolages dont a été victime Andrés Timoteo Morales, correspondant du quotidien La Jornada à Veracruz (Est), les 9 et le 16 janvier 2008. Le journaliste, auquel du matériel professionnel a été dérobé, s'est dit victime d'intimidations.
“Le récit d'Andrés Timoteo Morales et les circonstances des deux cambriolages semblent indiquer que la seconde effraction a servi à détourner l'attention de la première, clairement destinée à entraver le journaliste dans son travail. Andrés Timoteo Morales a dû changer de domicile et ne manque pas de raisons de craindre pour sa sécurité. Les autorités de l'État de Veracruz et le parquet spécial fédéral doivent prendre ensemble les mesures nécessaires à sa protection et établir de façon formelle le lien entre son activité et ces cambriolages. Toute la lumière doit également être faite dans l'affaire, très sensible, sur laquelle il enquêtait”, a déclaré Reporters sans frontières.
Cambriolé une première fois, le 9 janvier, Andrés Timoteo Morales a été dépouillé, outre de quelques biens sans valeur, d'une partie de son matériel de travail, dont un ordinateur portable et une clé USB contenant les archives de ses enquêtes menées entre 2004 à 2007. Le matin du 16 janvier, deux fonctionnaires de la police de l'État se sont rendus au domicile du journaliste. “Ils ont expliqué que les cambrioleurs auraient fait mieux de prendre les figurines de céramique qui se trouvaient dans le salon. En rentrant chez moi, quelques heures plus tard, j'étais très étonné de voir que les figurines avaient effectivement été volées, ainsi que d'autres biens personnels”, a confié Andrés Timoteo Morales à Reporters sans frontières. Le journaliste a ajouté que les policiers n'avaient pas procédé aux constatations habituelles dans ce type d'affaire. Il a dû changer de domicile.
Andrés Timoteo Morales a été l'un des premiers journalistes à enquêter sur l'assassinat, le 26 février 2007, d'Ernestina Ascencio, une indigène nahuatl. Le crime a été attribué à des soldats de l'armée mexicaine qui auraient violé la victime avant de la tuer. Malgré l'enquête du parquet de Veracruz - au cours de laquelle deux autres journalistes enquêtant sur l'affaire, Rodrigo Vera et Regina Martínez, de l'hebdomadaire Proceso, ont été amenés à déposer -, les autorités fédérales ont conclu à une mort naturelle et nié l'existence d'un viol. Le dossier vient d'être rouvert par la justice de l'État.
Face au niveau alarmant d'insécurité qui entoure la presse mexicaine, des sénateurs du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) ont demandé, cette semaine, la convocation devant le Congrès du procureur spécial chargé de lutter contre les attaques de journalistes. Le parquet spécial (Fiscalía Especial de Atención a los Delitos Cometidos contra Periodistas - FEADP), créé en février 2006 à l'initiative du gouvernement de Vicente Fox mais dépourvu de moyens suffisants, n'a pour l'instant jamais réussi à avancer significativement dans le combat contre l'impunité.