Le 27 septembre, des policiers ont devasté les locaux de la chaîne de télévision Odishi à Zugdidi (ouest du pays). Ils ont également frappé la mère et l'enfant de la correspondante de la chaîne Rustavi 2. Profondément choquée, Reporters sans frontières exhorte les autorités à mener l'enquête.
Le 27 septembre, la police a fait irruption dans les locaux de la chaîne de télévision Odishi à Zugdidi (ouest du pays), détruisant du matériel vidéo et informatique, et frappant les journalistes. Plusieurs policiers ont ensuite agressé la mère et le jeune fils de la journaliste Ema Gogokhia, correspondante régionale de la chaîne indépendante
Rustavi 2, et menacé de tuer toute sa famille. La journaliste avait participé à la réalisation de deux reportages qui dénonçaient des violences policières et la corruption d'un chef de la police locale. Reporters sans frontières est profondément choquée par ces exactions des forces de l'ordre et exhorte les autorités à mener une enquête les concernant.
"Ces violences policières perpétrées aux yeux de tous ne peuvent rester impunies. Le fait que les forces de l'ordre puissent dévaster les locaux d'un média et violenter un enfant parce que des journalistes ont fait leur métier montre que les menaces de mort proférées contre Ema Gogokhia doivent être prises très au sérieux", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans un courrier adressé à Edouard Chevardnadze, président géorgien. "Nous vous demandons de vous assurer qu'une enquête sérieuse sera menée et que les responsables, même s'ils s'avèrent être des fonctionnaires de l'Etat géorgien, seront traduits en justice ", a-t-il ajouté.
En début d'après-midi, le 27 septembre, une trentaine de policiers ont fait irruption dans les locaux de la chaîne Odishi, qui retransmet les émissions d'information de la chaîne indépendante Rustavi 2 à Zugdidi. Les policiers ont agressé des journalistes et des techniciens, dévasté le matériel vidéo et informatique. Des témoins ont reconnu Robert Chikobava, chef adjoint de la police provinciale et Beglar Ponia, chef adjoint de la police du district de Zugdidi, parmi les agresseurs. D'après le directeur d'Odishi, Levan Kobalia, Elgudja Zamburia, le chef de la police régionale était également présent.
Le matin, les chaînes Rustavi 2 et Odishi (qui rediffuse certaines émissions de Rustavi 2), avaient diffusé un reportage de la journaliste Ema Gogokhia sur une intervention violente des forces spéciales de police à Zugdidi. Celles-ci dispersaient une manifestation des habitants qui protestaient contre le transfert à Tbilissi de quatre personnes soupçonnées d'avoir tué un policier, Simon Marmania.
Une heure après le premier incident, quatre policiers se sont rendus au domicile de la journaliste Ema Gogokhia et, ne la trouvant pas, s'en sont pris à sa mère et à son fils de dix ans. Les policiers les ont frappés et ont tenté d'enlever l'enfant. Des voisins, qui ont assisté à la scène, ont empêché l'enlèvement et entendu les policiers dire à la mère qu'elle recevrait la tête coupée de sa fille. D'après la journaliste, ils ont menacé sa famille de mort si un reportage programmé par Rustavi 2 deux jours plus tard était diffusé. Il ont ajouté que, contrairement à Géorgiy Sanaya, présentateur vedette de Rustavi 2 assassiné le 26 juillet 2001, son corps ne serait jamais retrouvé. Ce deuxième reportage, diffusé le 29 septembre, incriminait Beglar Ponia, le chef adjoint de la police du district de Zugdidi, dans un trafic de carburants.