Khin Aye Kyu a été libérée après quatre ans d'emprisonnement pour avoir fait un reportage sur Aung San Suu Kyi (photo). Elle doit maintenant subvenir aux besoins de son frère, détenu à Mandalay. Elle souhaite reprendre ses activités de photographe. Reporters sans frontières a également obtenu de nouvelles informations sur le journaliste Sein Hla Oo.
La photographe Khin Aye Kyu a confirmé lors d'un entretien téléphonique avec Reporters sans frontières qu'elle avait été libérée après quatre années passées en prison. "Je suis libre et j'essaie de reprendre mes activités de photographe, mais mon frère Ko Sein Ohn et son ami photographe Sunny sont toujours emprisonnés dans des conditions difficiles", a déclaré Khin Aye Kyu depuis Rangoon. La photographe a précisé à l'organisation qu'elle avait été condamnée à quatre ans de prison et non pas à dix ans comme il avait été indiqué dans tous les rapports la concernant. "Mon frère a été condamné à dix ans de prison pour ses activités de cameraman. Moi, j'ai eu plus de chance. Maintenant, je dois m'occuper de lui car son épouse, sans travail, ne peut pas l'aider."
Pour survivre et aider son frère, auquel elle rend visite une fois tous les deux mois, Khin Aye Kyu vend des billets de loterie dans la rue. Par ailleurs, elle a couvert la visite du prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, libérée de résidence surveillée en mai dernier, dans une banlieue de Rangoon. "Je veux recommencer mon travail de photographe et cameraman, mais cela coûte très cher et je n'ai pas encore d'acheteur ", a expliqué Khin Aye Kyu.
Ko Sein Ohn a été arrêté en septembre 1996 et condamné à dix ans de prison pour posséder illégalement du matériel vidéo. La junte militaire lui reproche d'avoir réalisé et distribué des cassettes vidéo contenant des discours d'Aung San Suu Kyi. Agé de cinquante ans, le cameraman, souffre de douleurs gastriques.
Reporters sans frontières se félicite de la libération de Khin Aye Kyu mais exige la remise en liberté de son frère Ko Sein Ohn, récemment transféré dans la prison de Mandalay (centre du pays). Au moins quinze professionnels des médias sont détenus en Birmanie. Depuis plusieurs années, Reporters sans frontières ainsi que les médias parrains et les centaines de personnes qui ont signé des pétitions, se mobilisaient en faveur de sa libération.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a appris que les autorités de la prison de Myitkyina (nord du pays) avaient levé les sanctions qui interdisaient, depuis mai 2002, les visites au journaliste et député d'opposition Sein Hla Oo. Malgré le prix très élevé et la longueur du voyage entre Rangoon et Myitkyina, l'épouse du journaliste a décidé de se rendre le plus tôt possible à la prison. Sein Hla Oo a souffert de plusieurs attaques cardiaques depuis son arrestation, en août 1994. Quelques jours avant d'apprendre cette nouvelle, l'épouse du journaliste avait été invitée au domicile d'Aung San Suu Kyi qui s'inquiétait de la situation de Sein Hla Oo. La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 s'était engagée à intervenir auprès des autorités militaires en faveur du journaliste. Les interdictions de visites ont également été levées à l'encontre du docteur Khin Zaw Win, un opposant lui aussi détenu à Myitkyina.
Enfin, le président tchèque Vaclav Havel a exprimé sa solidarité avec les écrivains et journalistes emprisonnés, et plus particulièrement Win Tin, dans un message lu lors du Festival international de théâtre d'Avignon (France). Win Tin, journaliste et responsable de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), est détenu depuis le 4 juillet 1989, dans la prison d'Insein.