Birmanie : RSF se réjouit de la libération des journalistes Ta Lin Maung et Naung Yoe
Les deux journalistes birmans Ta Lin Maung et Naung Yoe ont été libérés le 27 octobre, alors qu’aucune explication n'a été fournie quant aux motifs de leur enlèvement. Ils étaient prisonniers d’un groupe armé opposé au régime militaire depuis un mois. Reporters sans frontières (RSF) appelle les responsables de ce groupe armé à prendre des engagements en faveur de la liberté de la presse.
Les deux journalistes birmans Ta Lin Maung, du site d’information en ligne Red News Agency, et Naung Yoe, reporter indépendant, ont retrouvé leur liberté le 27 octobre 2024. Ils avaient été enlevés et étaient maintenus captifs depuis un mois par l’Armée de l'indépendance kachin (KIA), une organisation armée luttant contre le régime militaire et qui contrôle de facto le nord de la Birmanie.
Le porte-parole de la KIA n’avait pas communiqué les raisons de leur enlèvement, malgré les sollicitations de RSF. D’après des médias locaux, Ta Lin Maung aurait été appréhendé pour des publications critiques envers ce groupe armé sur les réseaux sociaux. Naung Yoe, quant à lui, a été enlevé le lendemain alors qu'il enquêtait sur la disparition de son confrère.
“En maintenant des journalistes prisonniers pendant un mois, l’Armée de l’indépendance kachin adopte les mêmes méthodes arbitraires et répressives que le régime militaire birman qu’elle prétend combattre. Nous demandons aux responsables de la KIA de rendre des comptes au sujet de ces enlèvements et de s’engager à protéger les droits des journalistes.
Ta Lin Maung et Naung Yoe sont les premiers journalistes birmans détenus par un groupe d'insurgés depuis le début du soulèvement contre la junte, enclenché juste après son coup d’État en février 2021. En mars 2022, Naung Yoe avait été condamné par la junte militaire à un an et sept mois de prison pour sa couverture des manifestations contre le putsch des militaires.
Depuis le Coup d’État, la junte militaire birmane mène une répression implacable contre les médias. Sept journalistes et défenseurs de la liberté de la presse ont été exécutés et plus de 150 ont été emprisonnés. Tandis qu'au moins 64 d’entre eux demeurent incarcérés dans les prisons contrôlées par la junte.
Myanmar Press Freedom : le projet de RSF pour les journalistes birmans
Face à cette répression, RSF a apporté une aide d’urgence à une centaine de journalistes birmans et a récemment lancé, depuis la Thaïlande, le Myanmar Press Freedom Project, pour soutenir les professionnels des médias en exil et ceux qui continuent de travailler dans le pays.
La Birmanie, classée 171e sur 180 pays et territoires dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024, est la deuxième plus grande prison au monde pour les journalistes avec 64 détenus dans l’ensemble du pays, juste derrière la Chine.