Deux cyberdissidents mis sous surveillance pendant la visite du haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme
Organisation :
"N'est-il pas paradoxal que la visite d'une commission spécialisée dans les droits de l'homme provoque de nouvelles d'atteintes aux droits de l'homme?", Liu Di
Liu Di, une jeune internaute emprisonnée pendant un an, entre 2002 et 2003, et Liu Xiaobo, une figure du mouvement réformateur chinois, ont été placés sous surveillance policière, le 29 août 2005, pendant la visite en Chine de Louise Arbour, haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme. "Nous sommes écoeurés par l'hypocrisie affichée par les autorités chinoises lors de ces rencontres internationales", a déclaré Reporters sans frontières.
"Cet incident montre bien la manière dont Pékin conçoit le dialogue avec les Nations unies : une mascarade pendant laquelle ils tentent de montrer patte blanche tout en refusant le moindre engagement en matière de droits de l'homme. De peur de froisser la susceptibilité chinoise, beaucoup de responsables politiques étrangers en visite dans le pays se contentent de déclarations protocolaires trop édulcorées pour être efficaces. Nous espérons que le haut-commissaire saura adopter une position ferme vis-à-vis de ce pays, plus grande prison du monde pour les journalistes et les cyberdissidents", a ajouté l'organisation.
Le 29 août, des policiers ont demandé à Liu Di de ne plus quitter son domicile jusqu'à nouvel ordre. Trois policiers ont ensuite été placés devant chez elle. Choquée par cette surveillance, elle a déclaré : "De nombreuses personnes sont forcées de rester à leur domicile pendant la visite de Louise Arbour, au mépris de leurs libertés individuelles. N'est-il pas paradoxal que la visite d'une commission spécialisée dans les droits de l'homme provoque de nouvelles atteintes à ces droits ?"
Liu Di avait été arrêtée, en novembre 2002, pour des textes publiés, sous le pseudonyme de la « souris inoxydable », sur des forums de discussion en ligne. Elle a été détenue au secret, sans jugement, pendant plus d'une année.
Par ailleurs, toujours depuis le 29 août, au moins cinq policiers sont placés devant le domicile de Liu Xiaobo. Ce dernier peut sortir de chez lui, mais il est suivi dans tous ses déplacements. Le dissident a demandé aux policiers s'ils avaient un document officiel les autorisant à se livrer à cette surveillance. Ceux-ci n'ayant pas voulu répondre, Liu Xiaobo a déclaré que cette procédure était "complètement illégale". Il avait déjà été placé en résidence surveillée, en juin dernier, lors de la commémoration des massacres de la place Tiananmen. Cet ardent défenseur des droits de l'homme, ancien professeur de l'université de Pékin et président de l'Association chinoise des écrivains indépendants (ICPC), a reçu, en décembre 2004, le prix "défenseur de la liberté d'expression" Reporters sans frontières - Fondation de France.
Publié le
Updated on
20.01.2016