#CollateralFreedom : RSF débloque huit sites d’information censurés pendant le Covid-19
A l’heure où de nombreux pays instaurent de nouvelles mesures de confinement et de couvre-feu pour faire face à la deuxième vague de Covid-19, Reporters sans frontières (RSF) remet en ligne huit sites d’information censurés dans leur pays après avoir publié des informations sur la pandémie, jugées contraires à la ligne du gouvernement.
Depuis le début de la pandémie de Covid-19, RSF a recensé de nombreux cas de censure de sites d’information. Ces restrictions exercées par des Etats souvent au motif d’avoir propagé de fausses informations constituent de graves entraves à la l’accès à l’information, privant des populations d’une information fiable et indépendante sur le coronavirus, essentielle dans une telle période.
Cette huitième édition de l’opération Collateral Freedom a permis à RSF de remettre en ligne huit sites dans cinq pays portant à 34 le nombre total de sites débloqués grâce à la technique du “mirroring”. Cette technique consiste à créer des sites “miroirs” c’est-à-dire des copies conformes, hébergées sur des serveurs Internet installés à l’étranger hors de portée des censeurs. L’ensemble de ces sites ont été bloqués dans 18 régimes autoritaires ou dictatoriaux qui recourent de plus en plus au blocage des sites indépendants.
En Birmanie, en pleine crise du Covid-19, le gouvernement a ordonné dès la fin mars 2020 le blocage de 221 sites pour avoir propagé des “fake news”. Si certains sites sont de nouveau accessibles, plusieurs dizaines sont toujours bloqués. Parmi ces derniers, RSF en a débloqué quatre. Narinjara News, un site d’information créé en 2001 par des activistes birmans prodémocratie exilés au Bangladesh. Les sites en anglais et en birman de l’agence de presse Development Media Group (DMG) qui couvre l’actualité de l'État de l’Arakan, dans l’ouest du pays, et notamment les violations des droits de l’homme perpétrées par l’armée birmane dans le conflit qui l’oppose aux rebelles autonomistes de l’Armée de l’Arakan. Et enfin, le site d'information The Stateless (“Les Apatrides”), où son fondateur, Mohammed Rafique, documente les graves violations des droits humains dont sont toujours victimes les milliers de membres de la communauté rohingya encore sur place.
Au Cambodge, le pouvoir a instrumentalisé la crise du Covid-19 pour instaurer davantage de censure. Depuis le le 30 mars, à la suite d'enquêtes publiées sur la situation sanitaire du pays, l’accès au site d’information en khmer Monoroom.info est bloqué. Ce n’est pas la première fois que ce magazine d’information indépendant est pris pour cible. En 2017, jugé trop critique le média avait été victime d’une vague de fermeture massive des médias indépendants orchestrée par le gouvernement contraignant les journalistes à poursuivre leur travail en cachette.
Depuis le début de la crise sanitaire, les autorités azerbaïdjanaises tentent de contrôler l’information sur l’épidémie et d’entraver le travail des journalistes qui couvrent l’épidémie. RSF débloque l’agence de presse Turan, le dernier média indépendant encore actif dans le pays. En mai 2020, suite à la publication d’articles sur la violation des droits de militants de l’opposition pendant l’épidémie de coronavirus, l’agence a subi ses plus graves cyberattaques depuis trente ans.
Au Bélarus, la crise sanitaire a exacerbé la répression des journalistes et le manque de transparence des institutions a favorisé la propagation de rumeurs. Charter97, média créé par le célèbre journaliste Oleg Bebenine, est l’une des principales voix indépendantes du pays. Le site officiel a subi plusieurs blocages, avant celui, définitif, ordonné par le ministère de l’Information le 24 janvier 2018. En raison de sa couverture de la situation réelle de l’épidémie de coronavirus, les autorités font désormais la chasse à ses sites miroirs.
Au Tadjikistan, les autorités censurent massivement l’internet et bloquent de manière quasi permanente les principaux sites d’informations et réseaux sociaux. Le 19 mars 2020, sous le prétexte fallacieux de liens avec “des organisations terroristes et extrémistes”, la Cour Suprême du pays a décidé de bloquer le site du média indépendant Akhbor. Alors que celui-ci publie des reportages sur l’épidémie de coronavirus au Tadjikistan, essentiels à l’information de la population locale face aux dissimulations des autorités.