RSF, avec le CPJ et FPU, demande au ministre de la Défense d’Israël l’évacuation urgente de deux journalistes d’Al-Jazeera

Deux journalistes de la chaîne d’information internationale, Al-Jazeera, sont entre la vie et la mort, blessés par une frappe israélienne à Gaza. Reporters sans frontières (RSF), avec les organisations Committee to Protect Journalists (CPJ) et Free Press Unlimited (FPU) adressent une lettre ouverte au coordonnateur des activités gouvernementales dans les territoires (COGAT), l’unité du ministère israélien de la Défense chargée de faciliter la coordination entre Israël et la bande de Gaza. Ali al-Attar et Fadi Alwahidi doivent être évacués de toute urgence.

C’est en couvrant le siège au nord de la bande de Gaza par l’armée israélienne que deux reporters ont été grièvement blessés au cours des derniers jours par les forces israéliennes. Le 7 octobre, Ali al-Attar, cameraman pour Al-Jazeera, a été touché par un bombardement à Deir al-Balah, dans le centre de Gaza. Le jour suivant, Fadi Alwahidi, également caméraman pour la chaîne d’information qatarienne, a été gravement blessé dans le camp encerclé de Jabalia, au nord de Gaza. Ils sont tous deux hospitalisés dans un état critique.

"Chaque jour qui passe, les chances de survie d'Ali al-Attar et de Fadi Alwahidi s'amenuisent – leurs vies continuent d'être mises en danger par des retards prolongés dans l'obtention des autorisations administratives nécessaires à leur évacuation du pays. Nous demandons avec la plus grande fermeté aux autorités israéliennes de leur accorder immédiatement un laissez-passer pour qu'ils puissent recevoir un traitement médical urgent à l'étranger. Nous tiendrons les autorités israéliennes entièrement responsables du sort de ces deux journalistes.

Thibaut Bruttin
Directeur général de RSF

Lire la lettre en intégralité :

À : COGAT (Coordinateur des activités gouvernementales dans les territoires)

Objet : Demande urgente d'évacuation humanitaire des journalistes Ali al-Attar et Fadi Alwahidi 

Chers responsables du COGAT,

Au nom de nos organisations respectives de défense de la liberté de la presse, nous vous écrivons de toute urgence au sujet des cas d'Ali al-Attar et de Fadi Alwahidi, tous deux cameramen pour Al-Jazeera, qui ont été grièvement blessés lors d'un reportage à Gaza.

Le 7 octobre, Ali al-Attar a été grièvement blessé, et souffre d’une hémorragie cérébrale interne, à la suite d'une frappe aérienne israélienne à Deir al-Balah. Il se trouve actuellement dans un état critique à l'hôpital européen de Gaza et a besoin d'urgence de soins neurologiques spécialisés qui ne sont pas disponibles à Gaza. Sa famille et Al-Jazeera tentent de faciliter son transfert vers un établissement médical approprié en Jordanie ou au Qatar.

Fadi Alwahidi a été gravement blessé le 9 octobre alors qu'il effectuait un reportage dans le camp de Jabalia. Après un premier traitement à l'hôpital Al-Maamadani, son état reste critique et il doit être transféré de toute urgence vers un établissement situé en dehors de Gaza pour y recevoir les soins médicaux appropriés ; l'hôpital où il est actuellement soigné a indiqué qu'il n'était pas en mesure de fournir le traitement nécessaire en raison des conditions actuelles.

Les deux processus d'évacuation sont au point mort car les autorisations nécessaires sont en attente. Nous tenons le gouvernement israélien pour responsable de toute détérioration de leur état de santé causée par ce retard prolongé.

Malgré nos multiples appels, le COGAT n'a pas répondu aux demandes d'évacuation de ces deux journalistes. Nous demandons au COGAT d'accélérer les autorisations nécessaires à leur transfert en toute sécurité hors de Gaza. Ali al-Attar et Fadi Alwahidi sont des journalistes qui ont été blessés alors qu'ils effectuaient leur travail essentiel de documentation sur la situation humanitaire à Gaza. Leur passage en toute sécurité vers la Jordanie ou le Qatar doit être assuré et ils doivent pouvoir bénéficier sans délai d'un traitement médical vital.

Outre le COGAT, nous avons activement sollicité l'aide des gouvernements des États-Unis, de la France et de l'Allemagne, ainsi que les Nations unies, afin d'obtenir un passage sûr pour les deux journalistes. Ces efforts incluent des communications directes avec des fonctionnaires, des appels à l'intervention humanitaire et la coordination avec les représentants diplomatiques dans la région. Malgré ces efforts, la possibilité d'évacuer ces journalistes est actuellement bloquée en raison de l'absence d'autorisation israélienne pour leur passage en toute sécurité. Nous demandons instamment au COGAT d'agir rapidement et de se coordonner avec les parties prenantes concernées pour faciliter le transfert de ces journalistes, dont la vie est en danger imminent.

En vertu du droit international humanitaire, l'armée israélienne a le devoir de protéger les civils, y compris les journalistes, et de veiller à ce que les blessés reçoivent une assistance médicale en temps voulu. Le fait de prendre des journalistes pour cible constitue une violation flagrante du droit international relatif aux situations de conflit armé. Nous vous demandons respectueusement d'intervenir immédiatement pour faciliter l'obtention des autorisations nécessaires à cette évacuation.

La vie de ces deux journalistes est en danger imminent et une action rapide est nécessaire pour éviter une nouvelle tragédie. Nous demandons d'urgence leur évacuation vers un établissement où ils pourront recevoir les soins dont ils ont besoin et nous tiendrons les autorités israéliennes pour responsables si leur état se détériore davantage ou s'ils venaient à décéder.

Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président, l'expression de nos salutations distinguées,

Thibaut Bruttin, Reporters sans frontières (RSF)

Jodie Ginsberg, Committee to Protect Journalists (CPJ)

Ruth Kronenburg, Free Press Unlimited (FPU)

 

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