Poste-frontière de Rafah à Gaza : “pour que des journalistes puissent sortir et d’autres entrer, ouvrez les portes !”

Depuis le début de la guerre Israël-Hamas, la bande de Gaza est totalement fermée. À l’intérieur du territoire, les journalistes, qui ont dû évacuer le nord, sont désormais sommés par Israël de se rassembler à la frontière avec l'Égypte, sans possibilité de la traverser. À l’inverse, les reporters internationaux sont empêchés d’entrer. Reporters sans frontières (RSF) appelle à l’ouverture du poste-frontière de Gaza à Rafah.

“Ouvrez les portes !” C’est l’appel lancé par Reporters sans frontières (RSF) aux autorités israéliennes et égyptiennes afin que les journalistes puissent enfin aller et venir de part et d’autre de la frontière entre Gaza et l’Egypte. Sauf quelques exceptions, les journalistes n'ont pas été autorisés à sortir de Gaza depuis le 7 octobre, et ceux qui ont pu passer la frontière ne sont pas autorisés à y revenir. Dans l’autre sens, les rares journalistes qui ont pu pénétrer dans la bande de Gaza ont été embarqués avec l’armée israélienne et soumis à des restrictions. 

Les journalistes palestiniens sont littéralement emprisonnés dans la bande de Gaza, dont ils ne peuvent sortir pour se mettre à l’abri. Une infraction à la résolution 2222 du Conseil de sécurité de l’ONU qui oblige les États membres à protéger les journalistes, comme les autres civils. À l’inverse, les journalistes étrangers sont empêchés d’avoir accès au territoire palestinien. En deux mois de guerre, aucun reporter n'a été autorisé à entrer dans la bande de Gaza par Rafah, ce qui porte clairement atteinte à la capacité des médias à couvrir le conflit. 

Le point de passage de Rafah vers l'Égypte est la seule connexion de Gaza avec le monde extérieur. Cependant, Israël surveille toutes les activités à la frontière sud et a bombardé à quatre reprises cette porte frontalière au début de la guerre. Ce contrôle strict permet à Israël d'empêcher toute aide adéquate d'entrer dans la bande de Gaza à la suite de l'attaque du Hamas. Alors que plus de 400 camions d'aide arrivaient chaque jour avant le 7 octobre, la moyenne est désormais de 14, selon Reuters. Le blocus a entraîné une pénurie des ressources nécessaires à la population civile de Gaza, y compris les journalistes

Après avoir été contraints d’évacuer toute la partie nord du territoire, les journalistes palestiniens se sont installés, au sud, autour de l'hôpital Nasser à Khan Younès. “Après les menaces israéliennes contre Khan Younès, les journalistes se déplacent à Rafah, qui ne dispose pas d'Internet, de services de communication ni de soutien logistique pour les médias, témoigne auprès de RSF le journaliste Saeed al-Khatib, photojournaliste de l’Agence France Presse (AFP) à Gaza. Cela crée beaucoup de pression et de difficultés pour les reporters. Nous essayons de trouver des alternatives avec des cartes sim égyptiennes ou israéliennes.”

Depuis la fin de la trêve humanitaire entre Israël et le Hamas le 1er décembre, le sud de Gaza est aussi devenu la cible des incursions israéliennes. La seule option “sûre” pour les journalistes est donc désormais Rafah, le village à la frontière égyptienne. Mais même là, les bombes ne cessent de tomber, selon les informations recueillies par RSF, et il est de plus en plus difficile pour les reporters de travailler et de transmettre des informations au monde.

"Alors que l’armée israélienne continue de tuer des journalistes à Gaza – 14 dans l’exercice de leurs fonctions en moins de 2 mois – de les restreindre en ressources vitales et matérielles, et que des campagnes de désinformation israéliennes sapent la crédibilité de toute une profession, les autorités refusent toujours d'autoriser l'accès aux journalistes internationaux. Les journalistes doivent pouvoir couvrir cette guerre. Gaza ne doit pas devenir un trou noir de l’information. Nous demandons l’ouverture de toute urgence de la porte de Rafah. 

Jonathan Dagher
Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF

Journalistes assiégés dans un territoire qui se rétrécit

En deux mois de guerre, 58 journalistes ont été tués à Gaza, dont 14 dans le cadre de leurs fonctions, par des frappes israéliennes. Des dizaines de rédactions ont été détruites.  "Nous vivons en état de siège, a écrit le célèbre photojournaliste indépendant Motaz Azaiza sur son compte instagram. Nous ne pouvons aller ni au sud ni au nord, les chars israéliens encerclent les deux côtés." Le lendemain de ce post, alors qu’il était en train de filmer, avec plusieurs de ses confrères, munis de son gilet pare-balles et casques siglés presse, près de de l’autoroute Salah al-Din, il a échappé de peu à des tirs provenant, selon ses propos, d’un char israélien.

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