Biden au Moyen-Orient : “La realpolitik l’a emporté sur la justice pour les journalistes”, déplore RSF

Après la visite du président américain Joe Biden en Israël-Palestine et en Arabie saoudite, du 13 au 16 juillet, aucun résultat concret n’a été obtenu pour rendre justice aux journalistes assassinés Shireen Abu Akleh et Jamal Khashoggi. Reporters sans frontières (RSF) déplore des déclarations tièdes et un manque de volonté politique flagrant. 

La realpolitik l’a une fois de plus emporté sur la justice pour les journalistes Shireen Abu Akleh et Jamal Khashoggi, et les déclarations sont restées tièdes pour ne pas froisser des alliés, déplore le bureau Moyen-Orient de RSF. Joe Biden a certes évoqué les deux cas emblématiques, qu’il ne pouvait ignorer, mais il n’est pas allé assez loin dans les demandes concrètes d’ouverture d’enquêtes pour faire toute la lumière sur leur mort.

Lors de son déplacement en Israël le 13 juillet, le président américain Joe Biden n'a fait aucune mention de la responsabilité de l’État hébreu dans l'assassinat, le 11 mai dernier, de la reporter d’Al Jazeera Shireen Abu Akleh. Cela malgré les multiples expertises attestant de ce fait - y compris l’ultime enquête de l’ONU. Lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue palestinien Mahmoud Abbas, Joe Biden s’est contenté de déclarer que la journaliste était "une citoyenne américaine et une fière Palestinienne” et que “les États-Unis continueront d'insister pour qu’une justice complète et transparente soit établie sur sa mort”. Le chef d’État n’a pas non plus été à la rencontre des membres de la famille de la journaliste malgré leurs demandes répétées. Le secrétaire d’État Antony Blinken a toutefois proposé de les recevoir à Washington. 

En rencontrant le prince héritier Mohamed ben Salmane (MBS) en Arabie saoudite vendredi 15 juillet, les deux dirigeants se sont renvoyé la balle. Après avoir concédé à Joe Biden que l’assassinat de Jamal Khashoggi le 2 octobre 2018 au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul était “une tragédie pour l'Arabie saoudite", MBS a réaffirmé que l’affaire était classée. Un procès s’est tenu à huis clos et a abouti en septembre 2020 à la condamnation de huit personnes :  vingt ans de prison pour cinq d’entre eux et des peines allant de sept à dix ans de prison pour les trois autres. Lors de la rencontre, MBS a également nié toute responsabilité dans cet assassinat, ce qui contredit le rapport de la CIA déclassifié début 2022, a fait remarquer Joe Biden. En retour, le prince héritier a soulevé les crimes commis par les Américains en Irak. “Ce sont des problèmes sérieux, des erreurs qui arrivent à n’importe quel pays, y compris aux États-Unis”, a commenté pour sa part le ministre des Affaires étrangères Faisal ben Farhane. Les deux homologues sont ensuite passés au sujet officiel de leur rencontre.

Dans un tweet, la veuve de Jamal Khashoggi, Hatice Cengiz, a réagi : “Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains”, avec une photo du “check” du poing entre Joe Biden et MBS. 

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