Crimée : une journaliste détenue 13 jours au secret par les autorités russes

Irina Danilovitch a été enlevée le 29 avril et maintenue dans un lieu inconnu, sans accès à son avocat qui n’avait pas connaissance des raisons de sa détention. RSF dénonce une détention arbitraire et demande sa libération immédiate. 



 

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Disparue le 29 avril, Irina Danilovitch a été retrouvée mercredi 11 mai par son avocat dans un centre de détention de Simferopol, capitale de la Crimée, région annexée par la Russie en 2014. Celui-ci n’a pas encore pu la rencontrer mais a pris connaissance des poursuites à son encontre. Poursuivie pour “fabrication, transport ou possession illégale d’explosifs” (art. 222-1 du Code pénal russe), elle risque jusqu’à huit ans de prison et 100 000 roubles d’amendes (environ 1400 euros).

“ Après 13 jours passés au secret, sans aucune nouvelle donnée à ses proches, nous sommes soulagés de la savoir en vie mais nous craignons qu’Irina Danilovitch ait subi des mauvais traitements, souligne la responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF, Jeanne Cavelier. Nous dénonçons son enlèvement et sa détention arbitraire, contraire au Pacte international relatif aux droits civils et politique ratifié par Moscou, et nous demandons aux autorités russes sa libération immédiate.”

Le jour de sa disparition, le domicile de la journaliste a été perquisitionné par des unités spéciales cagoulées, selon Krym.Realii (filiale du média américain Radio Free Europe/Radio Liberty, RFE/RL). Son père a alors été informé verbalement de son arrestation pour 10 jours, sans autre précision. Son avocat affirme qu’elle est désormais en détention provisoire pour au moins deux mois.

Malgré la plainte déposée par son avocat auprès du bureau du procureur de Crimée concernant sa disparition, Irina Danilovitch n’a pu avoir accès qu’à un avocat commis d’office. Les poursuites légales ont été formalisées le 7 mai seulement, sans qu’un proche n’en ait été informé.

Irina Danilovitch aurait été enlevée à un arrêt de bus à la sortie de Koktebel, selon son père, qui a précisé avoir visionné la vidéo d’une station-service montrant une femme vêtue comme elle, kidnappée par plusieurs hommes en civil qui la poussaient dans une voiture noire. Il a affirmé dans Krym.Realli que les policiers n’ont entrepris aucune démarche pour récupérer cette vidéo auprès de la station-service, et que le propriétaire refusait de la remettre à d’autres personnes qu’aux forces de l’ordre. 

Infirmière de profession, la journaliste Irina Danilovitch est harcelée depuis l’explosion de la pandémie de Covid en raison de sa couverture des problèmes au sein du système de santé en Crimée sur une page publique sur Facebook. Elle a également collaboré avec Krym.Realii, les médias spécialisés dans les droits humains Zmina.ua et couvrant les violations judiciaires Crimean Process, le site local InZhir-media.

Un autre journaliste, reporter en Crimée pour Krym.Realli a été condamné le 16 février dernier à six ans de prison pour “possession et transport d'explosifs” à l’issue d’une parodie de procès. Sans accès à un avocat indépendant, Vladislav Yesipenko avait été torturé pendant deux jours après son arrestation en mars 2021 et contraint à des aveux forcés sur une chaîne locale.

La Russie et l’Ukraine occupent respectivement la 155e et la 106e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2022. 



 

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