Le tribunal d'Harare a acquitté Andrew Meldrum mais la police lui a ordonné de quitter le pays sous 24 heures. Le journaliste a fait appel de cet ordre d'expulsion. Cet appel a été renvoyé devant la Cour Constitutionnelle.
25.07.2002
Le 22 juillet s'est ouvert le procès de Geoff Nyarota, rédacteur en chef, et de Lloyd Mudiwa, journaliste du quotiden privé The Daily News. Ils sont accusés, en vertu de la loi sur l'"accès à l'information et sur la protection de la vie privée", de "publication de fausse nouvelle" pour la même affaire que le journaliste américain, Andrew Meldrum, correspondant du Guardian à Harare. Les journalistes ont demandé à déposer un recours devant la Cour suprême afin qu'elle juge de la constitutionnalité de cette loi. Ils estiment qu'elle viole leur droit à la liberté d'expression, normalement garanti par la Constitution. Le 24 juillet, le juge, Sandra Nhau, a autorisé la saisine de la Cour suprême, seule instance compétente pour statuer sur la conformité de cette loi avec la constitution du Zimbabwe. Le procès des journalistes débutera une fois que la Cour suprême aura statué.
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18.07.2002
Mercredi 17 juillet, le juge de la Haute Cour, Anele Matika a suspendu l'ordre d'expulsion d'Andrew Meldrum (photo) et renvoyé son appel devant la Cour Constitutionnelle. Le juge a estimé que le journaliste, en vertu de la Constitution, avait le droit de vivre et de travailler au Zimbabwe, ce que le ministre de l'Intérieur ne pouvait révoquer pour "des circonstances douteuses". Meldrum va donc plaider devant la Cour que ses droits sont violés et que cet ordre d'expulsion est illégal et sans fondement puisqu'il ne représente aucune menace pour la sécurité du gouvernement ou du pays, comme l'a laissé entendre le ministre de l'Intérieur. Il a qualifié cet ordre d'expulsion comme "faisant partie du complot gouvernemental visant à étouffer la liberté de la presse au Zimbabwe". La Cour Constitutionnelle devrait statuer sur son cas d'ici quelques mois.
En 2001, dans un cas similaire, le tribunal avait donné l'autorisation au correspondant de la BBC, Joseph Winter, de rester dans le pays malgré un ordre d'expulsion. Ce dernier avait pourtant quitté le pays après que la police secrète avait pénétré dans sa demeure en pleine nuit.
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16.07.2002
Andrew Meldrum a dénoncé l'ordre d'expulsion du gouvernement de Robert Mugabe comme "injuste et illégal". "Je défie la légalité et la justesse de cet ordre d'expulsion, reçu peu après avoir gagné un procès phare contre le gouvernement", a souligné le journaliste. L'avocate de Meldrum a donc introduit un recours d'urgence auprès de la Haute Cour de justice demandant l'annulation de l'ordre d'expulsion. Selon le ministre de l'Information, Jonathan Moyo, cet ordre d'expulsion a été donné car "le journaliste avait enfreint les conditions contenues dans son permis de résident permanent", sans préciser la nature de cette violation.
Le 16 juillet, au matin, le juge de la Haute Cour Anele Matika, a reporté l'avis d'expulsion d'un jour : il expire désormais le 17 juillet à 15 heures GMT (17 heures locales). Meldrum a voulu rencontrer John Nkomo, ministre de l'Intérieur, mais ce dernier a refusé de le recevoir prétextant une laryngite. Le gouvernement de Robert Mugabe a déjà expulsé deux journalistes étrangers et a refusé la reconduction de permis de travail de nombreux autres. En effet, les lois sur l'immigration donnent tout pouvoir de décision au gouvernement concernant les visas de résident permanent. Le président Mugabe a enfin déclaré que la décision d'expulsion était maintenant dans les mains de la justice.
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15.07.2002
"Le verdict de ce premier procès d'un journaliste en vertu de la loi sur l'accès à l'information et sur la protection de la vie privée est une victoire pour la liberté de la presse. Mais la décision arbitraire d'expulser le correspondant du Guardian est un acte de vengeance de la part du gouvernement de Robert Mugabe, engagé dans une politique discriminatoire à l'encontre des journalistes étrangers", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières dans une lettre adressée au ministre de l'Information, Jonathan Moyo. Reporters sans frontières s'est félicitée de la décision du juge du tribunal d'Harare qui a acquitté Andrew Meldrum, correspondant du quotidien britannique The Gardian au Zimbabwe. Reporters sans frontières a par ailleurs demandé au ministre de faire annuler l'ordre d'expulsion qu'a reçu le journaliste à sa sortie du tribunal.
D'après les informations recueillies par Reporters sans frontières, le lundi 15 juillet, Andrew Meldrum a été reconnu non coupable des charges de "publication de fausses informations"et "d'abus de ses privilèges journalistiques" et acquitté par le tribunal d'Harare présidé par le juge Godfrey Macheyo. Quelques minutes après le verdict, des officiers de l'immigration ont abordé le journaliste et lui ont délivré un avis d'expulsion lui intimant de quitter le pays sous 24 heures. M. Meldrum, de nationalité américaine, est pourtant résident permanent et vit au Zimbabwe depuis 21 ans. Selon le journaliste, ces documents étaient datés du 3 et du 5 juillet 2002, ce qui implique que la décision d'expulsion avait été prise par le gouvernement avant même la proclamation du verdict. M. Meldrum a déclaré que cette décision correspondait aux efforts du gouvernement "pour l'empêcher de faire ce qu'il a à faire".
Reporters sans frontières a rappelé que neuf autres journalistes zimbabwéens de la presse indépendante sont toujours en attente de jugement pour des chefs d'accusation similaires en vertu de la loi sur l'accès à l'information et sur la protection de la vie privée.