Reporters sans frontières appelle les autorités ougandaises à lever la suspension de la radio privée KFM, prononcée par l'organe de régulation des diffuseurs le 11 août 2005, suite à la diffusion d'une émission de débat ne respectant pas « les standards de diffusion minimaux ». « Faire taire une radio est un acte grave, qui aggrave les conflits plutôt qu'il ne les règle », souligne l'organisation.
Reporters sans frontières appelle les autorités ougandaises à lever la suspension de la radio privée KFM, prononcée par l'organe de régulation des diffuseurs le 11 août 2005, suite à la diffusion d'une émission de débat ne respectant pas « les standards de diffusion minimaux ».
« Faire taire une radio est un acte grave, qui aggrave les conflits plutôt qu'il ne les règle, a déclaré Reporters sans frontières. Quels que soient les griefs à l'encontre d'un média ou la gravité du contexte politique, nous appelons l'organe de régulation des médias électroniques ougandais à privilégier le dialogue à la répression, à donner aux journalistes la possibilité d'exprimer leur point de vue avant de prononcer des sanctions. Celle édictée contre KFM, manifestement sous l'influence de propos menaçants du chef de l'Etat, est une mesure punitive d'exception qui nous inquiète. Nous appelons le président Yoweri Museveni à prendre conscience que les mesures autoritaires endommagent les démocraties. »
Dans une lettre datée du 11 août 2005, le Broadcasting Council (Conseil de la radiodiffusion) a annoncé la suspension de la licence de la radio privée KFM, appartenant au groupe de presse kenyan Nation Media Group. Aucune durée n'a été spécifiée, le Conseil ayant tenu à préciser que cela dépendrait des suites de son enquête. Cité par l'agence Reuters, le ministre de l'Information, Nsaba Buturo, a expliqué que cette décision avait été prise en raison d'un programme diffusé par la station le 10 août, « qui ne respectait pas les standards de diffusion minimaux, tels qu'ils sont inscrits dans la loi ».
Le ministre faisait référence à un programme de débat intitulé « Tonight With Andrew Mwenda Live », dans lequel des intervenants évoquaient les menaces de fermeture, proférées la veille par le président Yoweri Museveni, à l'encontre des médias « vautours » qui « s'amuseraient avec la sécurité régionale ». Les théories du complot et les hypothèses les plus diverses, allant de l'implication de terroristes au sabotage, en passant par l'acte belliqueux d'une armée étrangère, circulent dans les médias de Kampala, depuis la mort du vice-président soudanais et ancien rebelle, John Garang, le 31 juillet, dans le crash d'un hélicoptère présidentiel ougandais. Le président Museveni lui-même n'avait pas exclu que le crash ne soit « peut-être pas » un accident. La mort de John Garang a provoqué un grand émoi en Ouganda, pays frontalier du sud Soudan, où trois jours de deuil ont été décrétés.
Dans un éditorial daté du 12 août, le quotidien Daily Monitor, qui appartient également au Nation Media Group, proteste contre la suspension de KFM, tout en précisant : « Nous ne sommes pas infaillibles et, en tant que rédaction responsable, nous sommes ouverts aux suggestions et aux améliorations. » En se disant attaché à la sécurité nationale et régionale, l'éditorialiste invite le président Museveni à respecter la Constitution et le Broadcasting Council à prononcer des sanctions ciblées. « Au lieu de fermer la station de radio, le Conseil aurait dû suspendre le programme offensant et ouvrir des négociations avec la direction sur des critères acceptables », conclut l'éditorialiste.