Le 26 novembre, une fatwa a été prononcée dans l'Etat de Zamfara, nord du pays, appelant à la mort d'Isioma Daniel, une journaliste du quotidien This Day, accusée d'avoir écrit un article jugé blasphématoire. Reporters sans frontières a demandé aux autorités nigérianes de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de la journaliste.
Reporters sans frontières exprime sa plus vive préoccupation après l'annonce d'une fatwa (décret religieux) appelant à la mort d'Isioma Daniel, une journaliste du quotidien This Day, accusée d'avoir écrit un article jugé blasphématoire par des musulmans.
Reporters sans frontières demande instamment aux autorités nigérianes, et notamment au président de la République Olusegun Obasanjo, de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité de la journaliste. "Même si on peut légitimement estimer que son article était mal venu dans un contexte particulièrement tendu au Nigeria, il est inacceptable que des individus puissent, en toute impunité, prononcer sa condamnation à mort", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Des lois existent au Nigeria. Si l'Etat a quoi que ce soit à reprocher à Isioma Daniel, il peut la poursuivre en justice. Mais en aucun cas, il ne doit laisser des fondamentalistes religieux mettre sa vie en danger", a-t-il ajouté. Reporters sans frontières demande enfin au chef de l'Etat de saisir le gouverneur de l'Etat de Zamfara, Alhaji Ahmed Sani Yerima, afin que cette fatwa soit annulée.
Le 26 novembre 2002, l'Etat de Zamfara (majoritairement musulman, nord du pays) a annoncé qu'une fatwa avait été prononcée contre Isioma Daniel, une journaliste de This Day, un quotidien privé basé à Lagos. Cette mesure fait suite à la publication, le 16 novembre, d'un article jugé blasphématoire par de nombreuses organisations confessionnelles du nord du pays. L'article incriminé affirmait que le prophète Mahomet aurait "probablement choisi une épouse" parmi les candidates au concours Miss Monde qui devait se dérouler le 7 décembre au Nigeria. Depuis, This Day a publié plusieurs rectificatifs demandant des excuses aux musulmans du pays et annonçant la démission de la journaliste.
Le responsable de l'information de l'Etat de Zamfara, Umar Dangaladima, a affirmé que son gouvernement n'était pas à l'origine de cette fatwa mais qu'il soutenait le verdict prononcé contre la journaliste. La fatwa aurait été prononcée après une réunion entre le gouvernement de l'Etat de Zamfara et une vingtaine d'organisations islamiques. "Il est obligatoire pour tous les musulmans, où qu'ils se trouvent, de considérer le meurtre de l'auteur comme un devoir religieux", a précisé le responsable de l'information lors d'une allocation diffusée par une radio locale.
Le 20 novembre, quelques centaines de musulmans, arrivés en bus, avaient brûlé le bureau de Kaduna du quotidien This Day. Personne n'avait été blessé dans l'incendie. Deux jours plus tard, le rédacteur en chef du journal, Simon Kolawole avait été arrêté par des agents des services de sécurité fédéraux (State Security Services - SSS), à Abuja.
Dès la publication de cet article, plusieurs organisations confessionnelles avaient protesté vivement et appelé à des sanctions contre le quotidien. Le Conseil suprême de l'implémentation de la Charia au Nigeria avait notamment affirmé que "This Day a déclaré la guerre totale à l'Islam, donc les musulmans devraient aussi déclarer la guerre à ce journal".
Depuis plusieurs jours, des émeutes protestant contre la tenue du concours Miss Monde au Nigeria ont fait plus de deux cents morts dans le nord du pays. La cérémonie a été annulée par les organisateurs pour des raisons de sécurité.