Un mois de prison ferme pour avoir protégé ses sources
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Reporters sans frontières exprime son exaspération face à la campagne d'intimidation de la presse privée éthiopienne menée par les autorités, après la condamnation, le 5 août 2005, à une peine de prison ferme et à une amende de deux journalistes qui ont refusé de révéler leurs sources.
« Cette double condamnation, scandaleuse sur le fond et absurde sur la forme, est un nouvel épisode de la campagne d'intimidation que le gouvernement de Meles Zenawi a lancé pour faire taire les voix discordantes, a déclaré Reporters sans frontières. Nous ne cesserons pas de répéter à tous les Etats qui n'entendent pas cet argument que les journalistes ne sont pas des auxiliaires de police. Ils ont, par conséquent, le droit de protéger leurs sources. D'autre part, le fait que la Cour suprême condamne un journaliste à une peine de prison et l'autre à une amende pour les mêmes charges montre à quel point la justice éthiopienne est soumise à d'autres influences que celle de la recherche de l'équité. »
Le 5 août 2005, la Cour suprême éthiopienne a condamné Tamrat Serbesa, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé en langue amharique Satanaw, à un mois de prison ferme pour « outrage à la cour ». Andualem Ayle, rédacteur en chef de l'hebdomadaire privé Ethiop, a quant à lui été condamné pour le même délit à une amende de 2 000 birr (environ 186 euros).
Les deux journalistes avaient refusé de révéler aux juges le nom d'un avocat, cité sous couvert de l'anonymat dans leurs éditions du 26 juillet. Celui-ci qualifiait de « honteux » le refus opposé par la Cour suprême à la coalition de l'opposition d'interdire à la Commission électorale nationale de proclamer les résultats partiels des élections législatives controversées du 15 mai. La Coalition pour l'unité et la démocratie (CUD) estimait que, des fraudes ayant été avérées, la proclamation des résultats devait être reportée. A partir du 8 juin, à Addis Abeba, des manifestants, contestant la proclamation des résultats, s'étaient heurtés aux tirs de la police. Le bilan de ces affrontements s'est élevé à une quarantaine de morts.
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20.01.2016