Un magistrat avoue avoir fait obstruction à l'enquête sur le meurtre de Slavko Curuvija
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Quatre ans après l'assassinat de Slavko Curuvija (photo), journaliste de Dnevni Telegraf, un magistrat lié à la mafia a avoué avoir activement bloqué l'enquête. Reporters sans frontières demande aux autorités de se saisir de ces révélations pour identifier et traduire en justice les responsables de ce crime.
"A l'heure où les faiblesses du système judiciaire se révèlent au grand jour, où le procureur qui bloquait volontairement la recherche de la vérité sur le meurtre de Slavko Curuvija a été écarté, et où la Serbie-Monténégro va être devenir le 45e membre du Conseil de l'Europe, nous sommes en droit d'espérer que les assassins du journaliste ne jouirons plus longtemps d'une impunité effrontée ", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation, dans des courriers adressés à Zoran Zivkovic, Premier ministre et à Dusan Mihajlovic, ministre de l'Intérieur. "Nous vous demandons de tout mettre en œuvre pour que la justice soit enfin rendue dans cette affaire", a ajouté M. Ménard.
Dans le cadre de l'état d'urgence, prononcé le 12 mars 2003 après l'assassinat du Premier ministre serbe, Zoran Djindjic, Milan Sarajlic, procureur adjoint de la République, a été suspendu de ses fonctions et arrêté, de même que d'autres magistrats soupçonnés d'être liés à la mafia. Selon le ministère de l'Intérieur, Milan Sarajlic a avoué, au cours de sa détention, avoir collaboré avec le clan de Zemun, un puissant groupe mafieux, et avoir activement fait obstruction à l'enquête sur l'assassinat du journaliste Slavko Curuvija. Le 21 mars, le procureur de la République et responsable de l'enquête, Sinisa Simic, a été limogé.
Slavko Curuvija, directeur des journaux Dnevni Telegraf et Evropljanin, a été assassiné devant son domicile à Belgrade le 11 avril 1999. Deux inconnus cagoulés avaient tiré plusieurs coups de feu sur le journaliste alors qu'il rentrait à son domicile avec son épouse. Ses publications critiques à l'encontre du régime de Milosevic lui avaient valu un harcèlement constant de la part des autorités.
En mars 2001, des médias de Belgrade avaient affirmé que la justice connaissait l'identité du meurtrier de Slavko Curuvija et de son commanditaire. Ils précisaient que le premier serait mort, le second bientôt arrêté, et que le meurtre était sans lien avec les services de sécurité d'Etat. La veuve du journaliste avait dénoncé une manipulation et estimé que des membres du service de sécurité d'Etat cherchaient à empêcher l'identification des véritables responsables. Le 14 avril 2001, Djordje Martic, ancien rédacteur en chef de Ekspres Politika, avait déclaré qu'un article publié dans le journal le 6 avril 1999, quelques jours avant l'assassinat du journaliste, le qualifiant de "traître" et l'accusant d'être favorable à l'attaque de l'OTAN, avait été écrit sur la commande de Mirjana Markovic, présidente du parti de la gauche Yougoslave et épouse de Slobodan Milosevic.
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20.01.2016