Un journaliste récemment libéré après onze ans de prison arrêté à nouveau
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Le 19 août 2002, Abdallah Zouari, journaliste de l'hebdomadaire Al Fajr, récemment sorti de prison où il a passé plus de dix ans, a été arrêté par les forces de l'ordre à Tunis. Le ministère de l'Intérieur lui avait récemment notifié une mesure d'éloignement selon laquelle il devait s'exiler dans le sud du pays.
"Cette arrestation est inadmissible et cette mesure administrative prise par vos services totalement abusive", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières dans une lettre adressée à Hedi M'henni, ministre de l'Intérieur. "Arrêter, de façon totalement arbitraire, un homme dont la vie a été détruite par plus de dix ans de prison est tout simplement inhumain. Nous vous demandons la libération immédiate du journaliste et l'annulation de cette mesure d'éloignement", a conclu le secrétaire général.
Le 19 août dans l'après midi, des policiers ont arrêté, à Tunis, Abdallah Zouari, journaliste de l'hebdomadaire Al Fajr (interdit). Ce dernier a ensuite été conduit à la prison de Harboub, dans le gouvernorat de Mednin (sud du pays). Dans une lettre datée du 15 juillet, le ministère de l'Intérieur avait notifié à Abdallah Zouari une mesure d'éloignement à Zarzis, dans le gouvernorat de Mednin, alors qu'il résidait à Tunis. Le journaliste avait refusé de se plier à cette décision qu'il avait qualifiée d'"arbitraire". Il a déposé un recours auprès du tribunal administratif. Celui-ci n'a pas toujours pas rendu sa décision. Le 16 août, des policiers s'étaient présentés à son domicile, dans la banlieue de Tunis, où ils avaient menacé sa tante de 80 ans.
Selon son avocat, Abdallah Zouari est accusé d'avoir refusé de se plier à cette mesure d'éloignement. Pour lui, rien ne la justifie dans la mesure où le journaliste est domicilié dans la banlieue de Tunis et non à Zarzis où seule une partie de sa famille réside. Abdallah Zouari passera en jugement le 23 août devant le tribunal cantonal de Zarzis.
Après avoir purgé onze ans de prison, Abdallah Zouari, avait été libéré le 6 juin 2002. Collaborateur d'Al Fajr, organe officieux du mouvement islamiste Ennahda, il avait été arrêté le 12 avril 1991 et condamné à onze ans de prison pour "appartenance à une organisation illégale". Il avait également été condamné à cinq ans de contrôle administratif au terme de sa peine. Cette condamnation signifie que l'ex-détenu doit se présenter régulièrement au commissariat le plus proche de son domicile.
"Quelle extase de retrouver ma plume, mon papier, de pouvoir griffonner quelques notes sans être sous la menace d'une fouille corporelle si minutieuse et si humiliante. En effet, des années durant, avoir un stylo ou un bout de papier était strictement interdit et chercher à s'en procurer était atrocement punissable (…) Ces menaces ne sont pas finies parce que si derrière les barreaux la plume est interdite, en dehors, et dans la vaste prison, elle est muselée", confiait-il à Reporters sans frontières en août 2002.
Un collègue d'Abdallah Zouari croupit en prison depuis 1991. Hamadi Jebali, directeur de l'hebdomadaire Al Fajr, a été condamné par la cour militaire de Tunis à seize ans de prison pour "agression dans l'intention de changer la nature de l'Etat" et "appartenance à une organisation illégale". Il venait de purger une peine d'un an de prison pour avoir publié un article qui critiquait le système des tribunaux militaires.
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Updated on
20.01.2016