Un journaliste de Veracruz signalé disparu ; un reporter de Proceso contraint de se cacher
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Classé par Reporters sans frontières parmi les dix lieux les plus dangereux de la planète pour les journalistes, l’État de Veracruz ne faillit malheureusement pas à sa réputation. L’organisation a été informée de la disparition, depuis plus de soixante jours, de Sergio Landa Rosado (photo), chargé de la rubrique policière au sein du quotidien Cardel dans la localité du même nom (au nord de l’État). Un mois avant sa disparition, le journaliste avait été enlevé par un groupe armé, puis libéré après intervention des forces de l’ordre. Veracruz compte désormais neuf journalistes tués et deux disparus depuis 2010.
Les autorités de l’État sont une nouvelle fois mises en cause par l’hebdomadaire Proceso, qui a dénoncé, le 16 avril dernier, un plan d’attentat contre son reporter Jorge Carrasco ourdi par des fonctionnaires et ex fonctionnaires régionaux. Le procureur général de l’État de Veracruz a démenti cette information dans une lettre ouverte. Jorge Carrasco, qui enquête sur l’assassinat de sa consœur du même média Regina Martínez, n’en a pas moins été obligé de se mettre à l’abri.
“Reporters sans frontières joint sa voix aux organisations mexicaines de défense de la liberté d’expression pour demander que le Mécanisme fédéral de protection pour les journalistes, désormais en vigueur, bénéficie d’urgence à Jorge Carrasco. Des explications de fond doivent être fournies par les autorités de Veracruz aux faits, graves, que leur impute la revue Proceso. Elles doivent, de même, rendre public l’état des investigations concernant la disparition de Sergio Landa Rosado”, a déclaré l’organisation.
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10.04.13 - Deux affaires nourrissent la controverse autour du prix attribué au gouverneur de Veracruz
Deux affaires concomitantes viennent, à juste titre, alimenter la controverse suscitée par la récente attribution d’un prix au gouverneur de l’État de Veracruz, Javier Duarte, pour son prétendu “engagement au service de la liberté d’expression”. La première concerne la condamnation à trente-huit ans de prison d’un individu reconnu coupable de l’assassinat, le 28 avril 2012, de la correspondante de l’hebdomadaire Proceso, Regina Martínez. La seconde fait suite au limogeage, par la chaîne Megacable, de sa présentatrice Verónica Danell, laquelle dénonce des pressions des autorités.
“Il faudra bien davantage qu’un prix contestable et contesté octroyé au gouverneur Javier Duarte pour faire oublier le calvaire des journalistes de l’État de Veracruz, devenu l’un des épicentres de la violence envers la profession. Depuis 2010, ce territoire compte neuf journalistes tués et un disparu. Nombreux sont les autres à avoir choisi l’exil après des menaces répétées ou des pressions, souvent attribuées aux autorités elles-mêmes”, a rappelé Reporters sans frontières.
“Avec la rédaction de Proceso, nous exigeons que toute la lumière soit faite sur l’assassinat de Regina Martínez, et ceux de ses collègues tués, à l’issue d’une enquête associant les institutions fédérales et les organisations de défense de la liberté d’information”, a ajouté l’organisation.
C’est avec une célérité inédite que Jorge Antonio Hernández alias “El Silva”, arrêté en octobre 2012, a été condamné à trente-huit ans et soixante jours de prison, le 9 avril 2013, par la Troisième juridiction de première instance de l'Etat de Veracruz. Analphabète et atteint du virus du sida, “El Silva” n’aurait pas “apporté la preuve de son innocence” d’après ses juges et aurait reconnu sa participation à l’assassinat de Regina Martínez.
Selon Proceso, l’homme s’est plaint de tortures et de menaces contre sa famille pour le forcer à avouer le crime. Reporters sans frontières note que de tels procédés, indignes d’un État de droit s’ils sont avérés, avaient été dénoncés dans deux rares affaires de crime de journalistes ayant donné lieu à des condamnations pénales : l’assassinat du cameraman américain d’Indymedia Brad Will, en octobre 2006 à Oaxaca, et celui du correspondant de Televisa Amado Ramírez, en avril 2007 à Acapulco (Guerrero). Dans les deux cas, un suspect unique rapidement arrêté avait signé ses aveux après des traitements cruels et au mépris de toute présomption d’innocence.
Petite insolente
Présentatrice de la chaîne Megacable, correspondante du journal Excelsior et de la chaîne Cadena Tres, Verónica Danell s’est vu signifier son licenciement sans indemnités, le 9 avril 2013. Souvent incisive, la journaliste incommodait manifestement les autorités locales et les représentants du Parti de Révolution Institutionnelle (PRI). Elle avait notamment répercuté à l’antenne une vidéo montrant le président de la République, Enrique Peña Nieto, confondant Xalapa, la capitale de l’État et la ville portuaire de Veracruz. Elle avait également relayé quelques commentaires relatifs au physique de Javier Duarte ou encore des indélicatesses financières attribuées à la maire de Xalapa, Elizabeth Morales.
“Incontrôlable”, comme elle se définit elle-même, la journaliste estime que son limogeage répond “aux ordres du gouverneur”. “Cette mise en cause appelle une explication claire de Javier Duarte et de la direction de 'Mega Noticias'. Le renvoi, dans ces conditions, d’une journaliste ne correspond guère aux standards dont se prévalent les autorités de Veracruz en matière de liberté d’expression”, a conclu Reporters sans frontières.
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Updated on
20.01.2016