Shukur Hossain est la dernière victime en date des violences à répétition commises contre les journalistes dans la région de Khulna. Il aurait été abattu par ses ravisseurs, des extrémistes armés.
"Si la mort du journaliste Shukur Hossain est confirmée, il s'agirait du second reporter de la région de Khulna assassiné depuis le début de l'année 2002 par des extrémistes armés. Nous sommes conscients de la difficulté d'assurer l'ordre public dans cette région du Bangladesh, mais il est de votre devoir de réagir pour mettre un terme aux violences qui touchent la presse", ont déclaré Robert Ménard et Nayyemul Islam Khan, respectivement secrétaire général de Reporters sans frontières et président du Centre pour le développement, le journalisme et la communication du Bangladesh (BCDJC), dans une lettre adressée au responsable de la police de la région de Khulna (sud-ouest du pays), Moklesur Rahman. Les deux organisations ont exprimé leur indignation après le kidnapping et la probable mort du reporter du journal Dainik Anirban. Les deux organisations ont demandé que des moyens de police soient mobilisés pour retrouver Shukur Hossain, et ses ravisseurs.
Avec huit journalistes tués au cours des six dernières années, le sud-ouest du pays est sans aucun doute la région la plus dangereuse du Bangladesh pour la presse.
Shukur Hossain, journaliste au quotidien régional Dainik Anirban, a été kidnappé, dans la nuit du 5 juillet 2002 à son domicile de Dumuria, dans le district de Khulna, par sept hommes armés. Ses agresseurs n'ont pas été formellement identifiés mais la police suspecte les membres d'un groupe maoïste interdit, le Biplobi Communist Party. Le journaliste, âgé de quarante ans, avait écrit plusieurs articles critiques à leur égard, ce qui lui avait déjà valu des menaces de mort au cours des trois derniers mois. Selon nos informations, des témoins auraient vu Shukur Hossain être abattu alors qu'il tentait de s'enfuir d'un bateau sur lequel ses kidnappeurs le faisaient embarquer de force, sur la rivière Ghangrail. Ses agresseurs lui auraient tiré dessus, notamment à la tête, avant d'emporter son corps. La police aurait déjà interpellé onze personnes pour interrogatoire. En avril 2001, Nahar Ali, un autre journaliste du Dainik Anirban avait déjà été enlevé et torturé à mort par des maoïstes.
En mars 2002, une mission de Reporters sans frontières et du BCDJC s'était rendue à Khulna, quelques jours après l'assassinat du journaliste Harun-ur-Rashid (photo) du Dainik Purbanchal. Le responsable de la police de Khulna avait affirmé à la mission que tous les efforts seraient mis en œuvre pour identifier et arrêter les coupables, alors que le ministre de l'Intérieur avait promis de faire "pendre les coupables". Selon Reporters sans frontières, le meurtre de Harun-ur-Rashid est lié à ses articles sur le crime organisé dans la région, et serait l'œuvre de membres du Purba Bangla Sharbahara Party (PBSP). Sept suspects, pour la plupart membres du PBSP, ont été identifiés et l'un d'entre eux a été arrêté, en avril, par la police.