Un journaliste condamné à six mois de prison au Mali : une sanction “complètement disproportionnée” pour RSF
Ce directeur d’un journal était jugé pour un article mettant en cause des membres de la Cour constitutionnelle. Reporters sans frontières (RSF) dénonce l’extrême sévérité de cette décision et demande aux autorités d’honorer au plus vite leur promesse de dépénaliser les délits de presse afin qu’il ne soit plus possible d’envoyer des journalistes en prison pour des faits commis dans l’exercice de leur fonction.
Boubacar Yalcouyé, directeur du journal Le Pays, a été condamné ce jeudi 27 décembre à six mois de prison dont deux avec sursis par le tribunal de la commune V de Bamako, la capitale malienne. Les juges ont estimé que l’article dans lequel le journaliste avait affirmé que les membres du Conseil constitutionnel avaient reçu près d’1,4 million d’euros afin de valider la réélection d’Ibrahim Boubacar Keita en août dernier était diffamatoire. Aucun mandat de dépôt n’a été assorti à la peine prononcée. Les avocats du journaliste ont confirmé à RSF qu’ils feraient appel.
“Sans juger du fond de l’article, il n’est pas normal qu’un journaliste se retrouve en prison pour des faits de presse, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Cette sanction est complètement disproportionnée, d’autant que d’autres recours, notamment devant l’organe de régulation, étaient possibles pour établir le caractère diffamatoire ou non de l’article incriminé. L’extrême sévérité de cette condamnation témoigne de l’urgence qu’il y a d’adopter une loi consacrant enfin la dépénalisation des délits de presse promise par le gouvernement malien”.
La loi sur la presse du 7 juillet 2000 est particulièrement punitive. Elle prévoit de nombreuses peines de prison et d’importantes amendes. La diffamation peut faire l’objet d’une peine de 11 jours à un an de prison.
Le Mali occupe la 115e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.