Le journaliste de la chaîne de télévision privée Express TV et de son quotidien ourdophone, Muhammad Ibrahim Khan, a été tué par balles, le 22 mai 2008, alors qu'il rentrait d'un entretien avec un chef taliban des zones tribales, dans le district de Bajaur (nord-ouest). "Les autorités d'Islamabad doivent tout mettre en œuvre pour retrouver les auteurs de cet assassinat et les traduire en justice", a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste de la chaîne de télévision privée Express TV et de son quotidien ourdophone, Muhammad Ibrahim Khan, a été tué par balles, le 22 mai 2008, alors qu'il rentrait d'un entretien avec un chef taliban des zones tribales, dans le district de Bajaur (nord-ouest).
"L'instabilité croissante des zones tribales du Pakistan, intimement liée au conflit en Afghanistan, rend toujours plus difficile le travail des journalistes. Bien qu'incapables de contrôler la région, les autorités d'Islamabad doivent tout mettre en œuvre pour retrouver les auteurs de cet assassinat et les traduire en justice", a déclaré Reporters sans frontières.
Le journaliste du quotidien Express, Muhammad Ibrahim Khan, a été assassiné, dans la soirée du 22 mai, peu de temps après avoir interviewé le porte-parole du Tehreek-e-Taliban Pakistan (Mouvement des taliban du Pakistan), Maulvi Umar, dans un endroit tenu secret. Le reporter de 44 ans rentrait en moto à son domicile de Khar, chef-lieu du district de Bajaur, lorsqu'il a été intercepté par des individus non identifiés dans une voiture noire, aux environs d'Inayat Kalay (à 15 kilomètres de Khar). Selon des témoins, les assaillants lui auraient confisqué son téléphone portable, sa caméra et ses notes, avant de lui tirer dessus et de le laisser pour mort.
Les autorités locales ont confirmé l'assassinat qui n'a pas été revendiqué. Le chef local du Tehreek-e-Taliban Pakistan, Maulvi Faqir Muhammad, a dénoncé cette attaque et a présenté ses condoléances à la famille du défunt. La présidente de l'Assemblée pakistanaise, le Dr Fahmida Mirza, a exprimé sa douleur concernant la mort du journaliste.
La Pakistan Federal Union of Journalists a condamné l'assassinat de Muhammad Ibrahim. "Ibrahim a été tué pour son travail et son dévouement", a confié son secrétaire général Mazhar Abbas, en appelant le gouvernement à arrêter et juger les coupables. Les journalistes de Khar ont déclaré que l'assassinat de leur collègue était "une conspiration" et que les autorités des zones tribales devaient protéger les journalistes. Le chef du bureau d'Express TV à Peshawar, Jamshed Baghwan, a assuré à Reporters sans frontières que "jamais un membre des taliban, des groupes tribaux ou du gouvernement ne s'était plaint du journaliste qui était digne de confiance et très professionnel".
Alors que d'importantes négociations ont été récemment engagées avec Islamabad, le Mouvement des taliban du Pakistan exerce une emprise de plus en forte sur les zones tribales. Son vice-commandant, Faqir Mohammed, a récemment mis en garde la presse de Khar, principalement les quotidiens ourdophones Al-Kaaj et Express, contre la publication de photos de femmes jugées "offensantes" et "extrêmement vulgaires". Le dirigeant religieux a aussi appelé tous les hommes de la région à se laisser pousser une barbe conforme, selon lui, aux préceptes de l'Islam. Le 19 mai dernier, deux journalistes de la chaîne privée Aaj TV ont été victimes d'une fusillade à Islamabad. Ils sont sortis indemnes de l'agression qui n'a pas été revendiquée.
Les taliban et d'autres groupes islamistes armés qui occupent les zones tribales de part et d'autre de la frontière afghano-pakistanaise sont classés parmi les "Prédateurs de la liberté de la presse" de Reporters sans frontières, pour leurs attaques répétées contre les journalistes.