Un journaliste arrêté pour avoir critiqué le Guide
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Le journaliste Mohamed Mohsen Sazegara a été arrêté, le 18 février, à son domicile. Cette interpellation intervient quelques jours après la diffusion, sur son site www.alliran.net, d'un article dans lequel il critiquait le Guide de la République islamique, l'ayatollah Khamenei.
"Alors qu'une délégation de la Commission des droits de l'homme des Nations unies, menée par Louis Joinet, se trouve en mission en Iran, cette arrestation démontre, une fois encore, que les durs du régime ignorent les injonctions de la communauté internationale en matière de droits de l'homme", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation s'inquiète, par ailleurs, de ce que les membres de la délégation onusienne soient étroitement surveillés et n'aient pas encore pu rendre visite aux journalistes incarcérés. Reporters sans frontières demande au chef de la magistrature, l'ayatollah Mahmoud Shahroudi, la libération immédiate de Mohamed Mohsen Sazegara et de neuf autres journalistes, dont Alireza Eshraghi, emprisonné depuis le début de l'année.
Le 18 février, en début d'après-midi, Mohamed Mohsen Sazegara, directeur du site d'information www.alliran.net, a été arrêté à son domicile par des membres des services de sécurité en civil. Son domicile, puis son bureau, ont été fouillés. De nombreux documents ont été confisqués. Dans la semaine du 10 février, le journaliste avait diffusé, sur son site, un article dans lequel il appelait à une réforme de la Constitution. Il écrivait également que la volonté du peuple iranien était "prise en otage par six religieux du Conseil des gardiens" (instance, dominée par les conservateurs, dont les membres sont nommés par le Guide qui supervise les élections et ratifie les lois). "L'expérience de ces cinq dernières années montre que le pouvoir religieux ne peut être réformé. Il ne peut être efficace", écrivait le journaliste qui qualifiait encore de "dictatorial" le pouvoir du Guide de la République, l'ayatollah Khamenei. Mohamed Mohsen Sazegara a été le directeur de publications aujourd'hui suspendues Jameh, Neshat et Tous.
Depuis le 12 janvier 2002, Alireza Eshraghi, journaliste de Hayat-é-No, est détenu à la prison d'Evine (Téhéran). Très inquiète, la mère du journaliste, Mehri Zayanderodi Zadeh, a adressé, le 17 janvier, au président Khatami une lettre dans laquelle elle déclare : "Mon fils est la victime de règlements de comptes qui se jouent derrière le rideau." Elle insiste sur le fait que le journaliste, incarcéré depuis plus de quarante jours dans une cellule individuelle, a perdu beaucoup de poids et pense au suicide. Elle se plaint également des promesses non tenues, formulées par les personnes qui avaient interrogé Alireza Eshraghi, selon lesquelles il serait libéré sous caution. Selon elle, le journaliste n'a pas pu recevoir la visite d'avocats durant son interrogatoire. "Je vous demande de sauver mon fils", conclut-elle.
L'arrestation du journaliste et la fermeture de Hayat-é-No sont intervenues après la publication d'une caricature, le 8 janvier dernier. Cette dernière représentait un homme âgé, à la barbe blanche, vêtu d'une longue robe noire et assis par terre, avec le pouce d'une main géante pressant sur sa tête (et l'inscription "Roosevelt" sur la manche). La caricature illustrait un entretien avec un professeur en sciences sociales sur le thème de l'effondrement social. Ce dessin, pris sur un site officiel américain, avait été publié en 1937 dans un journal américain pour illustrer les pressions du président Roosevelt sur la Cour suprême américaine.
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Updated on
20.01.2016