Zouhair Yahyaoui (photo), fondateur du site d'informations TUNeZINE.com, a été condamné à deux ans et quatre mois de prison pour, entre autres, "propagation de fausses nouvelles". Ben Ali n'a pas toléré l'impertinence dont le cybernaute avait fait preuve à son égard dans ses articles.
Le 20 juin 2002, Zouhair Yahyaoui, fondateur du site d'informations TUNeZINE.com, a été condamné à deux ans et quatre mois de prison par la 4e chambre correctionnelle du tribunal de première instance de Tunis.
"Cette condamnation est tout simplement scandaleuse. Zouhair Yahyaoui est connu pour être un fervent opposant au président Zine el-Abidine Ben Ali. Ce dernier n'a pas toléré l'impertinence dont le cybernaute a fait preuve à son égard dans ses articles. Il l'a puni. Il est évident qu'il paie également le fait d'être le neveu du juge Yahyaoui.
Depuis le référendum sur la Constitution, le 26 mai, Zine el-Abidine Ben Ali se permet tous les abus contre les opposants, et ce, avec le sentiment qu'il jouit d'une totale impunité", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation.
Zouhair Yahyaoui (photo)a été condamné, le 20 juin, à un an de prison pour "propagation de fausses nouvelles" et un an et quatre mois pour "usage non autorisé de connexion Internet" et "vol au préjudice de l'employeur". Le fondateur de TUNeZINE.com avait décidé de ne pas se présenter à l'audience parce qu'il ne fait "pas confiance à une justice aux ordres".
Zouhair Yahyaoui avait été arrêté à Tunis, le 4 juin, par six policiers en civil dans une société informatique de Tunis où il tenait une permanence. Les policiers n'ont présenté aucun document et n'ont donné aucun motif à son arrestation. Le journaliste a ensuite été conduit à son domicile, où les policiers ont effectué une fouille de sa chambre et saisi son matériel informatique personnel.
Selon l'avocat du cyberdissident, qui lui a rendu visite en prison, celui-ci a été, pendant la période d'interrogatoire, giflé et frappé sur la tête. Il a été déshabillé puis a subi trois séances de "suspension", méthode de torture où la personne est suspendue par les bras, avec les pieds touchant à peine le sol. C'est à l'issue de la dernière séance que l'opposant a révélé le mot de passe d'accès à son site qui a permis aux autorités de le bloquer.
Zouhair Yahyaoui écrivait sous le pseudonyme "Ettounsi" qui signifie le Tunisien en arabe. Il avait fondé le site TUNeZINE.com en juillet 2001, pour diffuser des informations sur la lutte en faveur de la démocratie et des libertés en Tunisie et publiait en ligne des documents de l'opposition.
Il écrivait de nombreuses chroniques et avait été l'un des premiers à diffuser la lettre dénonçant le système judiciaire du pays, adressée au président de la République par le juge Mokhtar Yahyaoui, dont Zouhair est le neveu. Du 26 au 28 mai, le journal avait organisé une conférence sur le thème du référendum et de l'organisation de l'opposition en Tunisie, qui avait connu une très forte participation.
Le site avait été censuré par les autorités dès sa création. Mais les Tunisiens recevaient chaque semaine une liste de "proxy", ou chemins détournés, pour accéder au journal en dépit du blocage.
Quelques heures après l'arrestation de son rédacteur, le site a totalement disparu du réseau Internet. Depuis, il a été remis en ligne mais il est impossible d'y avoir accès depuis la Tunisie sans des "proxy" très puissants.
Pour en savoir plus sur le site de Zouhair Yahyaoui
(photo du haut : photomontage tiré du site
lidealiste.com)