Reporters sans frontières a écrit au directeur du groupe de presse Times of India pour lui exprimer son inquiétude concernant les pressions exercées par ses avocats sur le responsable du weblog mediaah.com. "Dans un contexte où des bloggers sont harcelés et emprisonnés aux quatre coins de la planète, ce type de démarche est malvenu de la part d'une entreprise de presse."
Reporters sans frontières a écrit au directeur du groupe de presse Times of India pour lui exprimer son inquiétude concernant les pressions exercées par ses avocats sur le responsable du weblog mediaah.com. "Dans un contexte où des bloggers sont harcelés et emprisonnés aux quatre coins de la planète, ce type de démarche est malvenu de la part d'une entreprise de presse."
La lettre adressée à Vineet Jain, directeur général du Times of India :
"Reporters sans frontières vous prie de bien vouloir renoncer à toute forme de pression ou de poursuite judiciaire contre Pradyuman Maheshwari, le responsable du weblog mediaah.com.
Notre intervention fait suite à une lettre, rédigée par les avocats de votre entreprise, dans laquelle il est demandé à ce weblogger de supprimer 19 messages jugés "diffamatoires" envers le Times of India et ses responsables. Suite à ce courrier, et de peur qu'une action judiciaire longue et coûteuse ne soit engagée contre lui, Pradyuman Maheshwari a décidé de fermer son blog.
Après examen des textes incriminés, il nous semble que ce journaliste a simplement fait usage de son droit à commenter et à critiquer la stratégie commerciale de votre groupe et, plus généralement, de son droit à la liberté d'expression.
Cependant, en tant que patron de presse, vous imaginez aisément qu'une telle démarche a des conséquences néfastes pour la liberté d'expression : elle pourrait en effet dissuader d'autres responsables de sites de traiter de l'actualité des entreprises, ce qui est pourtant leur droit. Par ailleurs, dans un contexte où des bloggers sont harcelés et emprisonnés aux quatre coins de la planète, ce type de démarche de la part d'un groupe de presse nous semble malvenu.
Nous nous tenons à votre disposition pour discuter de cette affaire."
Rappel des faits
Pradyuman Maheshwari a reçu, le 5 mars 2005, une lettre d'un cabinet d'avocats engagés par le Times of India dans laquelle il lui est demandé de supprimer 19 messages publiés en ligne jugés "diffamatoires" et susceptibles de "ternir l'image" du groupe de presse.
Suite à ce courrier, Pradyuman Maheshwari a décidé, le 10 mars, de fermer sa publication. "Je pense que je gagnerais un éventuel procès pour diffamation contre The Times of India. Mais je ne suis qu'un journaliste contre un groupe de presse puissant. S'ils engagent d'autres procédures contre mon blog, tôt ou tard, je devrai le fermer. Je préfère aller au-devant des problèmes et mettre un terme à cette publication", a-t-il déclaré à Reporters sans frontières.
Les documents relatifs à cette affaire, y compris la lettre envoyée par les avocats du Times of India, sont disponibles sur
mediaha.blogspot.com.
Une pétition en ligne a été lancée par des internautes indiens pour soutenir le responsable de Mediaah.
Signer la pétition.