Turquie : RSF appelle à la libération immédiate des journalistes d’investigation Timur Soykan et Murat Agirel

Les journalistes d’investigation Timur Soykan et Murat Agirel ont été interpellés à leur domicile ce 10 avril, à l'aube, par les autorités turques. Leur arrestation s’inscrit dans une série d’interpellations de professionnels des médias couvrant les manifestations d’opposition au président Recep Tayyip Erdogan, déclenchée par l’arrestation du maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu. Reporters sans frontières (RSF) appelle à la libération immédiate des deux journalistes.
Mise à jour du 11/04/25 : Les journalistes Timur Soykan et Murat Agirel ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire, la nuit dernière, vers minuit. Privés de passeport, ils devront pointer trois fois par semaine dans un commissariat dans l’attente de leur procès.
Au matin du 10 avril, les autorités turques ont interpellé les journalistes d’investigation Timur Soykan, éditorialiste du quotidien indépendant BirGün, et Murat Agirel, du journal Cumhuriyet. Les deux journalistes sont également des figures de l’émission de débat “Onlar TV” (“Eux TV”), lancée récemment sur YouTube. Émission dans laquelle ils avaient récemment pointé des irrégularités présumées dans le cadre de l’enquête visant notamment le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu. Ils sont aujourd’hui accusés de “chantage” et d’“insulte” par le procureur d’Istanbul, dans le cadre d’une enquête sur le rachat de la chaîne de télévision turque Flash TV. Les domiciles des deux journalistes ont été perquisitionnés et leur matériel professionnel a été saisi.
Ces arrestations interviennent alors que les autorités turques mènent une sévère répression contre les médias couvrant les manifestations massives en réaction à l’arrestation, le 19 mars, du maire d’Istanbul, principal rival politique du président Recep Tayyip Erdogan.
“Timur Soykan et Murat Agirel doivent être libérés sur le champ. Ils font clairement l’objet de représailles pour avoir fait leur travail de journaliste en soulevant des questions quant à la régularité d’une procédure judiciaire qui soulève le pays. Les perquisitions semblent ne servir qu’à l'identification de leurs sources d’information, contribuant aux dossiers qu’ils ont dévoilés. Les professionnels des médias ne doivent en aucun cas se voir punis en raison de l’exercice de leur mission d’information.
Depuis le début du mouvement de contestation déclenché à la suite du 19 mars, les autorités turques ont ciblé les journalistes et les médias. Outre Timur Soykan et Murat Agirel, au moins 10 journalistes ont été interpellés au cours de ces manifestations. L’envoyé spécial du média suédois Dagens ETC Joakim Medin demeure incarcéré.