Trois ans, jour pour jour, après la disparition du journaliste Dmitri Zavadski, Reporters sans frontières et l'association des journalistes biélorusses (BAJ) rappellent que le corps du jeune caméraman de la chaîne de télévision russe ORT n'a toujours pas été retrouvé et que les circonstances de sa disparition n'ont toujours pas été élucidées.
Trois ans, jour pour jour, après la disparition du journaliste Dmitri Zavadski, Reporters sans frontières et l'association des journalistes biélorusses (BAJ) rappellent que le corps du jeune caméraman de la chaîne de télévision russe ORT, n'a toujours pas été retrouvé et que les circonstances de sa disparition n'ont toujours pas été élucidées, malgré la condamnation, en 2002, de plusieurs individus issus des rangs des unités spéciales du ministère de l'Intérieur.
Alors que la presse indépendante et les médias étrangers font l'objet d'une pression croissante, les deux organisations dénoncent le silence et l'immobilisme des autorités dans le cadre de cette affaire, ainsi que leur refus de faire la lumière sur la part de responsabilité présumée de certains hauts fonctionnaires dans cette disparition. Tant que la vérité n'aura pas été établie, Reporters sans frontières et le BAJ n'auront de cesse de rappeler la justice bélarusse à son devoir. Les deux organisations demandent une nouvelle fois aux autorités de rouvrir l'enquête.
Le 25 mars 2003, elles avaient déjà adressé un courrier à Ivan Branchel, responsable de l'enquête, pour lui demander de reprendre les investigations. Ce dernier avait en effet signifié par écrit, le 27 février, à la femme du journaliste, Svetlana Zavadskaya, sa décision de fermer l'enquête, arguant que "l'individu disparu n'avait pas été retrouvé". Reporters sans frontières et le BAJ, qui n'ont reçu aucune réponse à leur requête, rappellent que, d'après plusieurs décisions de la Cour européenne des droits de l'homme, compte tenu du caractère continu de la disparition forcée, l'Etat est tenu d'effectuer des recherches jusqu'à ce que la victime soit retrouvée.
Reporters sans frontières et la BAJ considèrent que le procès qui s'est conclu le 16 juillet 2002 par la condamnation à une peine de prison à vie pour Valeri Ignatovitch, ancien chef des unités spéciales du ministère de l'Intérieur, n'a pas permis de déterminer les circonstances exactes de la disparition forcée, ni d'identifier les commanditaires de l'enlèvement de Dmitri Zavadski.
En 2000, le journaliste avait publié des informations sur la présence de Valeri Ignatovitch au sein des forces indépendantistes tchétchènes. Selon la version défendue par les autorités bélarusses, Valeri Ignatovitch aurait décidé de se venger de Dmitri Zavadski pour l'article qu'il avait écrit à ce sujet. Le 27 novembre 2002, la sous-commission "ad hoc" de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe pour éclaircir les circonstances des disparitions de personnalités de l'opposition au Belarus a constaté que les autorités bélarusses n'avaient toujours pas apporté de réponses satisfaisantes sur le sort du journaliste.
Par ailleurs, dans un communiqué diffusé le 11 juin 2001, deux anciens membres du parquet réfugiés à l'étranger, dont Dmitri Petrouchkevic en charge de l'affaire Dmitri Zavadski, avaient accusé le procureur général, Viktor Cheïman, et le chef adjoint de l'administration présidentielle, Iouri Sivakov, d'avoir créé un " escadron de la mort " en 1996, alors qu'ils étaient respectivement secrétaire du Conseil de sécurité et ministre de l'Intérieur. Ce groupe aurait été chargé, dans un premier temps, d'éliminer des chefs du milieu criminel, avant de recevoir des missions plus " politiques". Ces accusations n'ont fait l'objet d'aucune enquête.
Dmitri Zavadski a disparu le 7 juillet 2000, à l'aéroport de Minsk. Son véhicule avait été retrouvé sur le parking de l'aéroport. Ancien cameraman personnel du Président, il avait quitté la télévision d'Etat en 1996, pour travailler pour la chaîne russe ORT. Il avait été emprisonné pendant deux mois avec un collègue de l'ORT, en 1997, à la suite d'un reportage sur les défaillances des dispositifs de sécurité bélarusses le long de la frontière avec la Lituanie.