Une journaliste a été condamnée à un an de prison pour "fabrication de fausses nouvelles" et deux autres sont détenus en attendant leur procès. RSF demande au Premier ministre de les faire libérer et d'abroger la loi sur la presse.
Dans une lettre adressée au Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre la détention de trois journalistes. RSF a demandé au chef du gouvernement de saisir les autorités compétentes afin qu'ils soient libérés immédiatement. "Le problème en Ethiopie est que les lois régissant le secteur de la presse sont très répressives. Il faut absolument abroger la loi sur la presse de 1992 et modifier le code pénal dans un sens plus libéral et plus respectueux de la liberté de la presse", a expliqué Robert Ménard, le secrétaire général de RSF. L'organisation a rappelé que Meles Zenawi fait partie de la liste des trente-sept prédateurs de la liberté de la presse dans le monde. "Début mars, nous nous étions félicités de la libération du dernier journaliste emprisonné en Ethiopie. Ces trois nouvelles arrestations montrent que la liberté de la presse n'est jamais acquise et qu'il faut rester très vigilant", a ajouté M. Ménard.
Selon les informations recueillies par RSF, trois journalistes ont été arrêtés à Addis-Abéba ces dernières semaines. Le 3 avril, la Haute Cour fédérale a condamné Lubaba Said, ancienne rédactrice en chef du journal Tarik, à un an de prison pour "fabrication de fausses nouvelles de nature à démotiver l'armée nationale et à causer des troubles dans l'esprit des gens". La journaliste a été conduite, le même jour, à la prison centrale d'Addis-Abéba. Elle avait publié, plusieurs années auparavant, deux articles faisant état de la défection de membres de la garde présidentielle.
Quelques jours plus tôt, le 20 mars, Melese Shine, rédacteur en chef du journal Ethiop, a été emprisonné sur ordre de la Haute Cour fédérale. On lui reproche d'avoir publié une interview d'un ancien colonel de l'armée impériale en exil au Soudan. Dans un autre article, le journaliste établissait un profil de la personnalité du Premier ministre à l'aide de déclarations d'anciens collaborateurs. Melese Shine est officiellement accusé d'avoir "diffamé le chef du gouvernement" et "interviewé un bandit qui se dit être le leader d'une organisation illégale". Le journaliste est détenu au commissariat n°4 de Woreda (Addis-Abéba). Il doit payer une caution de 10 000 birrs (environ 1 350 euros).
Enfin, le 15 mars, Gizaw Taye Wordofa, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Lamrot, a été interpellé par la police après avoir "publié de la littérature immorale et indécente". Lamrot diffuse des récits de mœurs et des histoires érotiques.
Par ailleurs, selon l'Association des journalistes éthiopiens de la presse libre (EFJA), une dizaine d'autres professionnels de la presse sont actuellement poursuivis en justice ou en liberté sous caution.