Tahir Shah, britannique d'origine afghane, Leon (photo) et David Flamholc, de nationalité suédoise, ont été arrêtés à Peshawar par la police militaire. Ils ont été arbitrairement détenus pendant seize jours pour des interrogatoires dans des salles de torture. Reporters sans frontières dénonce l'arbitraire, l'humiliation et les mensonges qui caractérisent cette scandaleuse affaire.
Reporters sans frontières est choquée par la détention arbitraire de Tahir Shah, écrivain britannique d'origine afghane, de Leon Flamholc et de son fils, David Flamholc, réalisateurs de documentaire suédois résidant à Londres. Ils ont été expulsés le 3 août 2005 par les autorités pakistanaises après une détention au secret de 16 jours, dont 15 en cellules d'isolement.
« Dans cette affaire, tout est arbitraire, humiliation et mensonges. Les autorités pakistanaises semblent penser qu'il n'existe plus de lois et qu'ils peuvent ainsi détenir des étrangers en toute impunité. Nous sommes choqués par l'absurdité de cette arrestation et les conditions de détention infligées aux trois hommes, a indiqué Reporters sans frontières dans une lettre au ministre pakistanais de l'Intérieur, Aftab Khan Sherpao. Au lieu d'affirmer que ces réalisateurs respectés ont filmé une base militaire - ce qui est totalement faux -, nous vous recommandons plutôt d'engager une enquête rigoureuse sur cette détention et de prouver ainsi que vous y voyez, vous aussi, un motif de colère. »
Reporters sans frontières demande également aux autorités suédoises et britanniques de suivre cette affaire. L'organisation s'interroge sur les raisons qui ont poussé ces deux gouvernements à rester silencieux pendant deux semaines alors qu'ils n'étaient même pas autorisés à des visites consulaires.
Tahir Shah, Leon Flamholc et David Flamholc ont été arrêtés le 18 juillet 2005 à Peshawar (nord-ouest du pays) par la police militaire, alors qu'ils étaient en train de filmer une maison à plus de cinq cents mètres d'une base militaire.
Accusés sans preuves par l'armée d'avoir filmé une caserne alors qu'il s'agissait seulement de la maison d'un proche de Tahir Shah, ils ont été arrêtés et transférés, les yeux bandés, dans des bâtiments militaires.
Après une première série d'interrogatoires aux mains de la police militaire, puis des services secrets militaires, ils ont été enfermés dans des cellules isolées, obscures et sales. Pendant quinze jours, ils ont été régulièrement interrogés dans des salles décrites par David Flamholc comme des « musées vivants des instruments de torture du Moyen Age. » Les militaires interrogeaient David et Leon Flamholc sur leurs histoires personnelles et leurs origines juives. Tandis que Tahir Shah, connu pour ses nombreux écrits sur la culture afghane, était accusé, en tant que britannique musulman, de liens avec les attentats de Londres.
Les trois réalisateurs n'ont jamais été frappés, mais, selon le témoignage de David Flamholc, ils ont vécu des moments d'angoisse et des traitements inhumains. Interrogé par Reporters sans frontières, David Flamholc a confirmé que les murs des cellules étaient maculés de sang et d'excréments. « Lorsque nous demandions si nous allions être libérés, ils nous riaient au nez. A leurs yeux, nous étions forcément coupables », a ajouté le jeune réalisateur de retour à Londres.
Les militaires n'ont jamais essayé de comprendre les raisons de la présence à Peshawar des trois documentaristes, une ville par laquelle ils transitaient avant de se rendre en Afghanistan. Ils étaient en repérages pour leur maison de production Caravan Film pour un film sur le trésor des Moghols.
Les autorités pakistanaises ont affirmé qu'ils avaient enfreint la loi en filmant alors qu'ils ne possédaient qu'un visa touristique. Pour justifier leur expulsion, les autorités on affirmé qu'ils avaient filmé une installation militaire. Un mensonge dénoncé par David Flamholc : « C'est faux. Ils m'ont rendu absolument toutes mes cassettes vidéo. Ils m'ont confirmé n'avoir trouvé aucune image sensible. »
Durant toute leur détention, les militaires pakistanais ont refusé à Tahir Shah, Leon Flamholc et David Flamholc le droit de contacter leurs ambassades respectives et leurs proches. Bien qu'informé de la détention de deux de ses citoyens, le ministre suédois des Affaires étrangères suédois ne serait pas intervenu.
Ce n'est pas la première fois que des journalistes étrangers sont arbitrairement détenus par les autorités pakistanaises. En décembre 2003, deux reporters français et leur fixeur pakistanais avaient déjà été emprisonnés.