Trois ans d’invasion à grande échelle : RSF dépose plainte à la CPI contre la Russie pour la déportation de 19 journalistes ukrainiens
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La Russie a déporté au moins 19 journalistes ukrainiens vers son territoire ou dans d’autres zones occupées en Ukraine. Tous ont été arbitrairement arrêtés par les forces d’occupation russes. Reporters sans frontières (RSF) dénonce ce crime de guerre et dépose, trois ans après le début de l’invasion totale de l’Ukraine, sa neuvième plainte contre la Russie auprès de la Cour pénale internationale (CPI) et du bureau du procureur général ukrainien. À date, les plaintes formulées par RSF ont déclenché ou contribué à quatorze enquêtes du parquet ukrainien sur les crimes contre les journalistes.
“Les forces d’occupation russes chassent les journalistes ukrainiens indépendants, les arrêtent et les déportent, en partie vers son territoire. À ce jour, 18 d’entre eux sont encore détenus et une journaliste est toujours portée disparue. Être emprisonné par la Russie, c’est risquer sa vie. Trois ans après le début de l’invasion totale de l’Ukraine, RSF dépose sa neuvième plainte auprès de la CPI et de la justice ukrainienne contre la Russie pour lutter contre l’impunité des responsables de ces crimes de guerre. Les plaintes formulées par RSF ont déjà déclenché ou contribué à quatorze enquêtes du parquet ukrainien sur les crimes contre les journalistes. Nous appelons ce dernier à poursuivre son effort d’enquête et de poursuite des auteurs de ces crimes.
Sur les 19 journalistes qui sont actuellement emprisonnés par le Kremlin, tous ont été déportés de leur lieu d’arrestation vers d’autres régions occupées d’Ukraine ou vers la Russie. Au moins 14 d’entre eux sont actuellement détenus sur le territoire russe.
Si Moscou refuse de confirmer les lieux de détention de certains reporters, RSF a établi que plusieurs ont été, à un moment, emmenés en Russie. Parmi eux, Dmytro Khyliuk, journaliste de l’agence de presse ukrainienne Unian, arrêté en mars 2022 et déporté dans la région de Vladimir à quelques centaines de kilomètres à l’est de Moscou. Anastasia Hloukhovska, journaliste pour le site d’information local RIA-Melitopol, a été arrêtée le 20 août 2023 à Melitopol, avec au moins trois de ses collègues, par les forces d’occupation russes. Selon les informations obtenues par RSF, après une détention dans la région de Melitopol, elle a été transférée en Russie, dans la région de Rostov.
Le 20 février 2025, RSF a mené une action coup de poing à Paris pour exiger la libération immédiate et inconditionnelle des journalistes emprisonnés dans des conditions inhumaines en Russie et dans les territoires occupés d’Ukraine : privés de soins, isolés, parfois réduits en esclavage. Lors de cette mobilisation, RSF a interpellé le Kremlin sur le sort de Victoria Roshchyna, journaliste ukrainienne déclarée morte en détention dans une unique lettre des autorités russes à sa famille. Cinq mois après cette annonce, Moscou refuse de s’expliquer et son corps n’a toujours pas été restitué.
L’Ukraine et la Russie occupent respectivement la 61e place et 162e place sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.