Suspension de VOA et de la synchronisation entre médias nationaux et internationaux : la répression continue de la presse au Burkina Faso

Au Burkina Faso, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a suspendu toute synchronisation entre médias nationaux et internationaux jusqu’à nouvel ordre, en plus de suspendre la diffusion du média américain d’information internationale La Voix de l’Amérique (VOA) pour trois mois. Des décisions qui illustrent une nouvelle fois la volonté d'invisibiliser par tous les moyens possibles les informations s’écartant du narratif imposé par la junte.

Au Burkina Faso, le pouvoir continue de peaufiner la mise en place d’un traitement patriotique de l’information. Dans son communiqué publié le 7 octobre, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a suspendu toute synchronisation des médias nationaux avec un média international “jusqu’à nouvel ordre”. Ce procédé consiste, pour les radios burkinabè, à diffuser en direct ou en différé une émission produite par un média international. 

Cette décision du CSC intervient après la diffusion de l’émission “Washington Forum”, produite par la Voix de l’Amérique (VOA), en synchronisation avec la radio privée Ouaga FM, le 19 septembre dernier. Dans son communiqué, l’organe de régulation a également annoncé la suspension de VOA pour une période de trois mois. 

“Au-delà de la suspension de VOA, devenue une triste norme pour les médias internationaux, la suspension jusqu’à nouvel ordre de la synchronisation entre médias nationaux et internationaux est inquiétante. Elle va davantage priver les populations d’accès à une information plurielle. Le pouvoir burkinabè cherche à invisibiliser par tous les moyens possibles les informations qui sortent du narratif imposé. Nous demandons aux autorités d’annuler cette décision.”

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Les synchronisations s’étaient raréfiées ces dernières années, suspensions des médias internationaux obligent. Pour les rares collaborations restantes, celles-ci restaient un moyen “d’avoir des informations que les médias locaux ne sont pas forcément en mesure de communiquer” selon un journaliste burkinabè qui préfère garder l’anonymat. 

VOA avait déjà été suspendue durant deux semaines en avril 2024, après avoir relayé un rapport de Human Rights Watch révélant des exactions commises par les forces armées burkinabè. 

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