Soudan du sud : un deuxième journaliste étranger expulsé en moins de deux semaines
Reporters sans frontières (RSF) dénonce le verrouillage de l’information en cours et demande aux autorités sud-soudanaises de ne pas compromettre la mise en place de l’accord de paix en empêchant les journalistes étrangers d’effectuer leur travail.
L’actualité politique est brûlante au Soudan du sud, et déjà deux journalistes étrangers ont été empêchés de la couvrir. Alors qu’un gouvernement d’union nationale est attendu pour le 12 novembre, de même que le retour au pays de Riek Machar, l’opposant historique au président Salva Kiir, le correspondant de France 24 en Afrique de l’Est Bastien Renouil a été arrêté dès son arrivée à l’aéroport de Juba, la capitale sud-soudanaise, dimanche 3 novembre puis expulsé le lendemain matin.
Joint par RSF, le journaliste français raconte avoir été interrogé sur ses précédents reportages au Soudan du sud et menacé d’être jeté en prison. Il avait pourtant reçu le feu vert de l’organe de régulation des médias pour se rendre dans le pays.
Fin octobre, sa consoeur canadienne Sam Mednick, journaliste pour AP, avait déjà été contrainte de quitter le pays. Installée depuis trois ans au Soudan du sud, son accréditation a été révoquée le 23 octobre à la suite d’un article sur les tensions entourant la formation en cours du gouvernement d’union nationale.
“La paix et la démocratie ne peuvent s’installer que lorsque la liberté d’informer est garantie. En expulsant des journalistes étrangers, les autorités sud-soudanaises risquent de compromettre le processus de paix dans le pays, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Nous exhortons les autorités à mettre fin à ces expulsions arbitraires et à revoir leur décision afin que ces deux journalistes, qui n’ont commis aucune faute, puissent effectuer librement leur travail”.
Depuis le début de la guerre civile au Soudan du Sud en 2013, les expulsions des professionnels de l’information sont fréquentes. Une vingtaine de journalistes avaient été interdits d’exercer dans le pays en juin 2017, l’organe de régulation jugeant leur travail “sans fondements” et “insultant”. Le pays est par ailleurs l’un des plus dangereux pour les reporters. Dix journalistes ont été tués dans la plus grande impunité ces dernières années. Aucune enquête sérieuse n’a été menée pour identifier les auteurs et les circonstances de l’assassinat du journaliste freelance anglo-américain Christopher Allen en août 2017.
Le Soudan du Sud occupe la 139e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2019.