Sommet de l’avenir des Nations unies : un rendez-vous manqué pour le droit à l’information

Le Pacte pour l’avenir et son annexe, le Pacte numérique mondial, ont été adoptés aujourd’hui par l’Assemblée générale des Nations unies, réunie à New York pour le Sommet de l’Avenir. Reporters sans frontières (RSF) déplore l’absence d’engagements forts des Etats concernant la gouvernance de l’espace global de l’information et de la communication au service du journalisme lors de cet événement, qui était pourtant présenté comme une “occasion unique” de réaffirmer la détermination des États à relever les défis globaux du XXIe siècle.

En dépit des efforts de RSF, le Pacte pour l’avenir et le Pacte numérique mondial, adoptés ce 23 septembre dans le cadre du Sommet de l’avenir des Nations unies, passent en partie à côté des enjeux liés à l’information et au journalisme. Hormis quelques références à la nécessaire protection des journalistes sur les terrains de guerre et à la lutte contre la désinformation, les États membres des Nations unies ne s’engagent pas suffisamment sur l'essentiel : garantir à chacun le droit d'accéder à une information plurielle, fiable, et indépendante.

“Nous attendions que le Sommet de l’avenir souligne la détermination de la communauté internationale à protéger dans les faits le journalisme et à travers lui  la reconnaissance du droit de chacun d’accéder à une information fiable, indépendante et plurielle. À la lecture des textes adoptés aujourd’hui par l’Assemblée générale des Nations unies, RSF constate, au-delà des déclarations d’intention, la difficulté persistante à parvenir à un consensus international ambitieux à même de répondre au chaos informationnel mondial. Nous appelons les États qui partagent cette préoccupation à former des coalitions d'innovation et d'action qui, à l’instar du Partenariat pour l’information et la démocratie, permettent d'avancer concrètement dans la construction d'une gouvernance démocratique de l'espace global de l'information et de la communication.” 

Antoine Bernard
Directeur du plaidoyer et de l’assistance

Un constat dont il faudra tirer les conséquences

Le Pacte pour l’avenir – principal livrable du Sommet de l’avenir – a été négocié par les Etats, comme une feuille de route permettant de stimuler la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD). Son annexe, le Pacte numérique mondial comprend, quant à lui, un ensemble d’engagements visant à promouvoir “un avenir numérique inclusif, ouvert, durable, sûr et sécurisé pour tous”.

Tout au long des négociations, RSF a mêlé sa voix à d’autres organisations de la société civile, sous l’égide du Global Forum for Media Development, afin de demander aux États des engagements plus forts, tant sur la reconnaissance du rôle essentiel que jouent le journalisme et les journalistes, que sur la nécessité de garantir à chacun l’accès à une information fiable, indépendant et plurielle. 

Bien que, grâce à ces efforts conjoints, le paragraphe 32 du Pacte numérique mondial reconnaît que "l'accès à des informations et à des connaissances pertinentes, fiables et exactes est essentiel pour un espace numérique inclusif, ouvert, sûr et sécurisé”, il ne tire pas les conséquences qui s’imposent, tant pour les États que pour les plateformes numériques. 

Une bonne nouvelle: les Principes mondiaux des l’ONU pour l’intégrité de l’information 

RSF salue la publication par le secrétaire général de l'ONU, en amont du Sommet, de Principes directeurs pour l'intégrité de l'information sur les plateformes. Ce texte, qui a été préparé par le secrétaire général de l’ONU en parallèle des négociations relatives aux Pactes, propose un cadre pour guider l’action de toutes les parties en vue de garantir l’intégrité de l’information et un espace informationnel plus sain.

RSF et le Forum sur l'information et la démocratie, dont RSF est membre fondateur et assure la présidence, ont largement contribué à l’élaboration de ces Principes, dont les recommandations s'inspirent largement de leurs préconisations.

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