RSF se félicite de l’engagement de l’ONU pour la sécurité des journalistes et contre l’impunité
Organisation :
Reporters sans frontières se félicite de l’engagement des Nations Unies en faveur de la sécurité des journalistes et de la lutte contre l’impunité, ainsi que de l’adoption récente de son Plan d’Action 2013-2014. L'organisation se réjouit de participer à sa stratégie de mise en œuvre, publiée le 27 février et visant à renforcer les principes suivants:
“L’action de l’ONU dans le domaine de la sécurité des journalistes et de la lutte contre l’impunité repose sur le postulat que ses institutions partagent un intérêt commun dans la création de conditions propices à la sécurité des journalistes. Cette sécurité est impérative assurer la liberté d’expression, la démocratie, le développement social et la paix – objectifs centraux pour les organes onusiens dans l’exercice de leur mandat.”
Reporters sans frontières estime que ce processus devrait notamment conduire à l’application des mesures suivantes :
1. Etendre les obligations des États envers les acteurs de l’information non-professionnels
2. Etendre les obligations des États dans les situations de conflit armé
3. Etablir un contrôle effectif du respect par les États de leurs propres obligations
1. Etendre les obligations des Etats envers les acteurs de l’information non-professionnels
Quand les gouvernements essaient d’imposer un vide d’information en censurant les journalistes, les journalistes citoyens et net-citoyens prennent souvent le relais pour rapporter les faits et informer le publique. Ces citoyens partagent ainsi les risques inhérents au journalisme et s’exposent à la même violence.
Reporters sans frontières demande donc :
- l’adoption par les Nations Unies d’une résolution affirmant l’obligation des États à protéger tous les acteurs de l’information, aussi bien professionnels que non-professionnels, dans la lignée de la résolution 1738 du Conseil de Sécurité de l’ONU
- une déclaration de l’Unesco affirmant la nécessité pour les États d’œuvrer en faveur de la protection et la sécurité des journalistes citoyens et net-citoyens, et pour combattre l’impunité des responsables d’abus à leur encontre.
2. Etendre les obligations des États dans les situations de conflit armé
Sept journalistes et six journalistes citoyens ont été tués alors qu’ils couvraient des événements d’actualité en ce début d’année 2013. En 2012, 143 d’entre eux ont perdu la vie. La majorité des violations des droits de l’homme à l’encontre des journalistes sont perpétrées en dehors des situations de conflit armé. Il est donc crucial d’étendre la liste des obligations des Etats membres.
Reporters sans frontières demande donc:
- l’adoption par les Nations Unies d’une résolution en vertu de laquelle l’obligation des Etats de protéger tous les acteurs de l’information – déjà applicable en temps de guerre par la résolution 1738 du Conseil de Sécurité de l’ONU - serait élargie aux situations de troubles, tensions internes, danger public et temps de paix.
3. Etablir un contrôle effectif du respect par les États de leurs propres obligations
La résolution du Conseil de Sécurité des Nations Unies 1738, la Déclaration de Medellin de l’Unesco et les Conventions de Genève ont pour dessein de protéger les journalistes et de lutter contre l’impunité des responsables d’attaque physique à leur encontre. Le problème n’est pas un vide juridique mais un manque de contrôle du respect par les Etats membres de leurs propres obligations.
Reporters sans frontières:
- appelle les États à enquêter sur tous les actes de violence ou les incidents fatals dont les journalistes, acteurs de l’information et professionnels associés sont victimes, sur leur territoire ou à l’étranger quand leurs forces armées ou forces de sécurité sont impliquées.
- demande la clarification du statut légal des journalistes “embarqués” dans des unités militaires en temps de guerre, afin de clairement établir si, en cas de capture par la partie adverse, ils peuvent bénéficier du statut envisagé dans l’article 4.A.4. de la Troisième Convention de Genève du 12 août 1949 sur le traitement des prisonniers de guerre, ou s’ils bénéficient seulement du statut de civil, ce qui implique qu’ils ne peuvent, en aucun cas, être traités comme des combattants.
- relève que, même quand utilisé dans un but de propagande, les médias d’information ne peuvent pas être considérés comme des cibles militaires, comme défini à l’article 52 § 2 du Protocole Additionnel 1 des Conventions de Genève de 1949, et ne doivent donc pas faire l’objet d’attaques ou représailles, à moins qu’ils n’aient été utilisés dans un but militaire ou pour perpétrer ou inciter à des actes de génocide, crime contre l’humanité ou autres graves violations du droit international humanitaire.
Photo: AFP
Publié le
Updated on
25.01.2016